La nouvelle méthode des policiers dans les cités de Marseille

Publié le 2 décembre 2014 à 17h12
La nouvelle méthode des policiers dans les cités de Marseille

POLICE – Lancée il y a deux ans, la méthode dite d’"approche globale" pour démanteler le trafic de drogue dans 40 cités de Marseille a pris fin en juin dernier pour laisser place à des interventions "plus ciblées" explique la préfecture de police.

La tension se lit sur les visages des CRS . Répartis dans 5 fourgons, ils s’apprêtent dans un instant à s’engouffrer dans les artères de la cité de Font-Vert dans le 14ème arrondissement , l’une des plus touchées par le trafic de drogue à Marseille. "On bascule dans le quartier". Le message d’une équipe postée à l’une des entrées de la résidence résonne dans la radio. Le signal est donné. Trois équipages pénètrent rapidement dans les allées desservant les immeubles.

Objectif : surprendre les dealers en pleine action. "Arrrah", prévient l’un de leur guetteur capuche sur la tête. Trop tard. À la vue des CRS, trois jeunes ont à peine le temps de se ruer dans un bosquet. Crissement de pneus du véhicule de police. La course-poursuite se termine à pied. Deux hommes parviennent à s’échapper en sautant par-dessus un grillage. Pas le troisième. "Pourquoi tu t’enfuis ?" lui demande un CRS. "Tu m’as fait peur", lui rétorque-t-il du tac-au-tac.

La donne a changé

Dans la foulée, la fouille commence. "RAS". Le jeune homme est relâché. Mauvaise pioche pour les hommes du commissaire Labalme, mais le chef d’Etat-Major estime marquer des points contre les trafiquants. "Ça perturbe leur quotidien. L’idée est de leur transmettre un sentiment d’insécurité. Il ne faut pas qu’ils aient la conscience tranquille", affirme-t-il. Un discours de fermeté qui fait écho aux opérations "d’"approche globale" lancées il y a 2 ans par la préfecture de police.

Aujourd’hui la police est passée de la méthode dite "globale" à la méthode ciblée. . Fini la présence de CRS pendant plusieurs semaines afin de mettre un coup d’arrêt au trafic et améliorer la situation sociale (voir encadré ci-dessous). Les policiers en tenue ne restent que quelques jours ou quelques heures. "L'’intervention des CRS est pour le coup plus ciblée", confie dans les salons de la préfecture de police, le préfet Jean-Paul Bonnetain.

Les habitants sceptiques

Désormais les opérations se font sur la base de renseignements de la police judiciaire pour démanteler un réseau mais aussi à la demande des différents partenaires. "Chaque fois qu’on peut faire coller notre présence avec celle d’autres opérateurs, comme un bailleur social par exemple, nous le faisons", détaille le préfet de police.

Les effectifs mobilisés sont donc moins importants et les interventions plus espacées. De quoi rendre sceptique le secrétaire adjoint du syndicat Alliance police national, David-Olivier Reverdy qui doute de "l'efficacité" de la méthode. Un sentiment partagé par Charles, habitant depuis plus de 40 ans dans la cité Font-Vert. "Aujourd’hui, les policiers sont là, mais dès qu’ils seront partis, les dealers reviendront", déplore au pied d’un immeuble celui qui avoue avoir "baissé les bras" face à ce business "qui avale les enfants de la cité".

Le "combat s’annonce rude", reconnaît Jean-Paul Bonnetain. "On a clairement conscience que ce n’est pas demain qu’on aura régler les problèmes. Certes aujourd’hui, la forme diffère, mais l’objectif reste le même. Je n’ai jamais dit que les résultats étaient bons, mais ils sont encourageants. Une dynamique a été lancée, il faut persévérer", conclut-il.


La rédaction de TF1info

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