Notre-Dame-des-Landes : appréhensions avant la manifestation nantaise

par Sibylle LAURENT
Publié le 20 novembre 2014 à 18h04
Notre-Dame-des-Landes : appréhensions avant la manifestation nantaise

AEROPORT – A l'initiative des Zadistes, militants anti-aéroport, une nouvelle manifestation contre les violences policières, doit se tenir samedi à 14 h devant le palais de justice de Nantes. Elle est particulièrement surveillée.

"Toutes et tous à la manif du 22 novembre à Nantes !" Le mot d’ordre court sur les réseaux sociaux et les sites alternatifs, pour se joindre à un rassemblement contre la "répression policière" après la manifestation du 22 février dernier, organisé samedi par les occupants de la "zone à défendre" de Notre-Dame-des-Landes . Il est prévu à 14 heures devant le Palais de justice.

A la base, les manifestants entendent protester contre les "violences policières". Ils dénoncent notamment "les blessures de militants de plus en plus nombreuses durant les manifestations", ainsi que les condamnations après la mobilisation anti-aéroport du 22 février, faites "sur la base de photos floues". "Cela démontre une volonté politique inacceptable de durcissement de la répression policière et judiciaire", indiquent les zadistes.

Peur des débordements

Une scénographie est déjà préparée : les manifestants entendent déposer des "lettres d'auto-dénonciation" qui seront remises au procureur "pour exprimer notre solidarité avec les personnes condamnées". Mais la volonté est clairement affichée, sur d’autres sites alternatifs : "Nous appelons à reprendre la rue !", indiquent des militants, estimant qu’il faut lutter contre "ce déchaînement de la répression étatique qui cherchent à museler la résistance."

En ville, la manifestation inquiète. C’est en effet la troisième en quelques semaines, dans le sillage des mobilisations en réaction au décès de Rémi Fraisse, dans le Tarn. Et, à chaque fois, les mouvements ont dégénéré. Dernier épisode en date, le 2 novembre dernier : de violents heurts avaient éclaté entre certains des 600 manifestants et la police . Des affrontements à coups de gaz lacrymogène, de projectiles, de grenades de désencerclement, avaient vidé le centre-ville de ses habitants. 21 personnes avaient été interpellées.

Les policiers sur les dents

Samedi prochain, le rassemblement a lieu devant le palais de justice, un peu à l’écart du centre… Mais la manifestation n’a pas été déclarée, et il est impossible de connaître le trajet qu’emprunteront les manifestants, ni combien ils seront. Ce flou artistique est d’autant plus ennuyeux pour la gestion du rassemblement, que le marché de Noël aura ouvert la veille place Royale et Commerce. En prévision, l’association de commerçants Plein centre a ainsi préféré décaler d’une semaine un voyage inaugural en petit train initialement prévu samedi "afin d’offrir une ambiance des plus festives"... La Semitan prévoit des perturbations dans son réseau de transport, avec la coupure de certaines lignes en fonction du défilé.

La police, en tout cas, s’attend au pire. "Ce n’est pas une manifestation. C’est clairement un rassemblement pour un affrontement direct avec les forces de l’ordre", indique ainsi Olivier Tonnerre, du syndicat de police Alliance, sur France Bleu Loire Océan . Il décrit une ambiance "morose" chez les fonctionnaires : "Toutes les trois semaines il y a une manifestation à Nantes, où nous sommes clairement pris pour cible. Tout le monde s’inquiète et se demande quand ces événements vont s’arrêter." Ce jeudi matin, l’opposition municipale s’est elle aussi emparée du dossier, dénonçant "un climat d’insécurité" qui "s’installe à Nantes". "L’Etat doit prendre les moyens d’évacuer les Zadistes de la ZAD", a ainsi déclaré Laurence Garnier, chef de file de l'opposition municipale UMP.


Sibylle LAURENT

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