Pour le directeur du Zénith de Nantes, "il faut relativiser le succès de Dieudonné"

par Sibylle LAURENT
Publié le 7 janvier 2014 à 15h30
Pour le directeur du Zénith de Nantes, "il faut relativiser le succès de Dieudonné"

POLEMIQUE - Après l’interdiction prise par le préfet de Loire-Atlantique ce mardi midi, le Zénith est contraint d’annuler le spectacle de l’humoriste Dieudonné, prévu jeudi soir à Nantes. Le directeur, Denis Turmel, revient sur cette situation.

Metronews : Le préfet vient d’interdire le spectacle de Dieudonné. Que se passe-t-il maintenant ?
Denis Turmel : Cette décision, exécutoire sans délai, s’impose à tous. Comme tout spectacle annulé, les spectateurs pourront aller se faire rembourser leurs billets dans les points de vente habituels, où ils les ont achetés. Mais c’est effectivement la première fois qu’une annulation a lieu sur ordre du préfet. Jeudi soir, un point d'information et de remboursement sera organisé sur place pour ceux qui ne sont pas au courant.

Que pensez-vous de cette décision ?

Au Zénith, nous ne sommes pas responsables de la programmation. Nous louons et gérons la structure aux programmateurs de spectacles, dans le cadre d’une délégation de service publique de la communauté urbaine Nantes métropole. Et en tant qu’exploitant, nous ne sommes pas là pour interpréter le droit, mais sommes contraints par les décisions de justice. D'ailleurs, si l’avocat de Dieudonné dépose une demande en référé comme il l’a annoncé, nous pouvons être contraints, à l’inverse, de maintenir le spectacle.

Peut-on craindre des débordements jeudi sur place ?
On ne sait pas à quoi s’attendre. C’est la première fois que cela arrive et c’est la première date de la tournée. Mais au final, cette soirée est une parmi d’autres pour le Zénith, qui continue à travailler et à recevoir les productions. On enchaîne dès le week-end en accueillant la tournée de Danse avec les stars.

Quel est le manque à gagner pour Dieudonné ?
On peut estimer que cette date devait rapporter 220 000 euros à la boîte de production de l'humoriste. Le Zénith touche pour sa part 12 % des recettes totales de chaque spectacle. Une somme qui permet de payer la location et les frais de sécurité. 

Vous attendiez-vous à cette situation tendue à Nantes ?
Le planning serré – le spectacle a lieu jeudi – donne évidemment de la dramaturgie à l’événement. L’option de réservation pour la salle a été effectuée au printemps 2013, par les Editions de la plume, - la société de production appartenant à la femme de Dieudonné . Le refus de vente constitue une infraction : je ne peux pas refuser de mettre le Zénith à disposition d’un artiste pour des raisons subjectives, à cause d'un contenu éditorial d’un spectacle qu’on ne connaissait d'ailleurs pas. Il n’est pas en mon pouvoir de statuer là-dessus. Mais j’avais signalé cette option de réservation à Nantes métropole et il n’y a pas eu d’objection. A l’époque, sa situation était moins critique. Les propos récents de l’humoriste sur Patrick Cohen ont lancé la polémique et donné une tout autre dimension à cette date. A cela s’ajoute le fait que Nantes est aussi la première étape, et la plus grosse date de la tournée de l’humoriste. C’est aussi la ville du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Les spectacles de Dieudonné attirent-ils vraiment tant de monde ?
Il faut vraiment relativiser. Pour cette date, 5 500 places étaient vendues mardi matin, pour une salle qui fait environ 9 000. Le spectacle aurait dû être complet car Nantes est de manière générale une date très forte pour les tournées. Et si cette fréquentation n’est pas négligeable, elle doit être mise en perspective avec d’autres humoristes de sa génération : alors que Dieudonné ne devait passer qu’un soir, Franck Dubosc va faire trois dates et attirer 15 000 spectateurs, Florence Foresti jouera trois ou quatre soirs, Muriel Robin deux soirées… Il faut vraiment relativiser : au regard des autres, il a plutôt une fréquentation moindre.


Sibylle LAURENT

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