Procès Xynthia : la descente aux enfers du maire de La Faute-sur-Mer

Publié le 15 septembre 2014 à 8h11
Procès Xynthia : la descente aux enfers du maire de La Faute-sur-Mer

JUSTICE – René Marratier, qui va comparaître à partir de lundi avec quatre autres personnes pour "homicides involontaires" et "mise en danger de la vie d’autrui" suite aux 29 morts causés par Xynthia à La Faute-sur-Mer (Vendée), a presque tout perdu depuis le passage de la tempête.

Depuis le passage de la tempête Xynthia, dans la nuit du 27 au 28 février 2010, les tuiles s’accumulent pour René Marratier. Le maire de La Faute-sur-Mer (Vendée) va comparaître en effet à partir de lundi, avec quatre autres personnes, pour "homicides involontaires" et "mise en danger de la vie d’autrui" devant le tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne. Il lui est notamment reproché d’avoir fait "obstruction" pendant des années à la rédaction du Plan de prévention du risque inondation (PPRI) de la préfecture, qui aurait rendu inconstructibles de nombreux terrains.

A ses côtés, sa première adjointe, Françoise Babin, comparaîtra, elle, pour avoir accordé des permis de construire illégaux dans des zones inondables. Un autre de ses adjoints, Patrick Maslin, comparaîtra lui en tant que chef d’entreprise : ses deux sociétés avaient fait construire une maison de plain-pied au cœur de la "cuvette mortifère", en dépit des règles de sécurité. L’homme – par ailleurs président de l’office de tourisme – était pourtant membre de la commission urbanisme à la mairie…

Condamné pour "prise illégale d’intérêts"

Seule bonne nouvelle pour ces prévenus : le juge d’instruction n’a finalement pas retenu les accusations de "prise illégale d’intérêts". Tous étaient en effet soupçonnés d’avoir urbanisé à tort et à travers la station balnéaire pour soutenir leurs intérêts professionnels. Un délit que connaît déjà René Marratier : le même tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne l’a condamné pour cela en 2012 à 10 000 euros d’amende. Son entreprise de transports et de garage automobile avait en effet un peu trop travaillé pour le compte de la commune… Entre-temps, la société en question a été liquidée.

Autre tuile pour lui, depuis la tempête Xynthia : l’homme a perdu en mars dernier les élections municipales, où il avait décidé malgré tout de briguer un cinquième mandat… Il n’est désormais plus que simple élu d’opposition. "Pendant la campagne, les lignes de fracture étaient très marquées, avec un maire sortant qui se posait vraiment en victime", se souvient son successeur, Patrick Jouin. Un an après la tempête, René Marratier réclamait pourtant "un climat assaini" pour sa commune, et appelait à "arrêter les polémiques", dans une interview à metronews.

"Réconciliation"

Ancien directeur général des services au conseil régional des Pays de la Loire, le nouveau maire veut à présent lui aussi œuvrer pour la "réconciliation" des habitants de la commune, coupée en deux : au premier tour, 388 avaient voté pour lui et 393 pour René Marratier. Patrick Jouin ne n’est ainsi pas constitué partie civile au procès.

Il préfère réfléchir à son projet de skatepark et de boulodrome sur l’ancien camping municipal, en friche depuis Xynthia... Un "golf populaire de neuf trous" et un "centre de thalassothérapie équine" pour chevaux de compétition pourraient aussi voir le jour sur la commune ! Pour les parcelles dispersées rachetées par l’Etat, Patrick Jouin a pensé à "des zones de maraîchage". Surtout, le nouveau maire mise beaucoup sur Litoralis, un "lieu de mémoire" destiné à entretenir la "culture du risque" en bord de mer : le conseil régional des Pays de la Loire, qui porte le projet, y attend 50.000 visiteurs par an.
 


La rédaction de TF1info

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