Vente controversée des navires Mistral : les marins russes sont arrivés à Saint-Nazaire

Publié le 30 juin 2014 à 12h02
Vente controversée des navires Mistral : les marins russes sont arrivés à Saint-Nazaire

INTERNATIONAL – 400 marins russes sont arrivés lundi matin à Saint-Nazaire pour se former à l'utilisation de deux navires de type Mistral, dont la vente par la France à la Russie suscite la controverse sur fond de crise ukrainienne.

Ils ne sont pas partout les bienvenus. 400 marins russes sont arrivés lundi matin à Saint-Nazaire pour se former à l'utilisation de deux navires de type Mistral, fabriqués sur place. Mais dans un contexte de crise ukrainienne, cette vente de la France à la Russie suscite la controverse.

La livraison des navires, prévue à l'automne, provoque en effet des tensions entre Paris et ses alliés. Le président américain Barack Obama avait encore exprimé début juin son "inquiétude" sur la poursuite de tels contrats au moment où la Russie "a violé la loi internationale" en s'emparant de la Crimée.

Les marins russes en formation

Les 400 marins russes doivent en fait se former au maniement des Mistral jusqu'à l'automne. Ils sont arrivés ce lundi matin à bord du navire militaire russe Smolny, tiré par des remorqueurs français, dans lequel ils logeront. Le bateau doit s'amarrer à quai derrière le Vladivostok, premier des deux BPC fabriqué par les chantiers navals STX pour le compte de DCNS. En 2015, c'est le jumeau du Vladivostok, le Sébastopol, en cours d'assemblage, qui doit à son tour rejoindre les forces de la Marine russe.

Le montant total du contrat, conclu en juin 2011, s'élève à 1,2 milliard d'euros. Sauf durcissement de la situation en Ukraine, qui entraînerait un renforcement des sanctions internationales, Paris entend pour l'instant maintenir la vente des deux BPC. Même si les protestations se font entendre. Dimanche en effet, une cinquantaine de militants pro-ukrainiens ont manifesté à Saint-Nazaire pour dénoncer la vente à Moscou de ces navires de guerre. "Nous exhortons le gouvernement français (...) à ne pas remettre de hautes technologies militaires entre les mains de l'agresseur le plus puissant d'Europe", a déclaré Nathalie Pasternak, présidente du Comité représentatif de la communauté des Ukrainiens de France.

500 emplois pour les chantiers navals

Plus gros navires de guerre français après le porte-avions Charles de Gaulle, les BPC Mistral peuvent embarquer 16 hélicoptères, 13 chars, une centaine de véhicules et projeter 450 soldats sur un théâtre d'opération. Les deux bâtiments livrés à la Russie représentent 500 emplois pour les chantiers navals de Saint-Nazaire.

Début juin, le président russe Vladimir Poutine a mis la France en garde contre une annulation du contrat : "Si la France décide d'annuler ce contrat, elle peut le faire. Nous exigerons alors un dédommagement. Mais cela ne contribuera pas positivement au futur développement de nos relations dans le domaine de la coopération technique et militaire".  La Russie est même prête "à signer de nouvelles commandes", si les Français "souhaitent continuer la coopération".

Fin mai, trois élus du Congrès américain ont en revanche appelé la France à rompre le contrat pour, à la place, vendre ou louer les deux navires à l'Otan. Le contrat suscite aussi des oppositions au sein de l'Union européenne : début juin, le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski s'est prononcé contre la livraison des bâtiments à la Russie. "Nous avons nommé la Russie comme l'agresseur en Crimée et je ne pense pas que la France aimerait être dans la position de fournir des armes efficaces à un agresseur", a-t-il déclaré.


La rédaction de TF1info

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