Comment je fais, pour avoir un dressing super éco-responsable ?

par Charlotte ANGLADE
Publié le 13 novembre 2018 à 15h53, mis à jour le 13 novembre 2018 à 15h58
Comment je fais, pour avoir un dressing super éco-responsable ?
Source : Thinkstock

ETHIQUE - Si l'habit ne fait pas le moine, il ne fait pas forcément de vous une personne très écolo. En produisant l'équivalent de plus d'une tonne de gaz à effet de serre chaque année, l'industrie textile est un poids lourd de la pollution. Pour réduire l'empreinte carbone de votre dressing, LCI vous donne quelques conseils.

Avec 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre émis chaque année, soit plus que les vols internationaux et le trafic maritime réuni, l’industrie textile fait partie des plus polluantes au monde. La fabrication d'un jean par exemple, nécessite entre 7000 et 11.000 litres d’eau. Un t-shirt, 2.700 litres. L’entretien de nos vêtements synthétiques en machine, lui, relâche environ 500.000 tonnes de micro particules de plastiques dans les océans chaque année. L’équivalent de 50 milliards de bouteilles plastiques. Face à cette catastrophe écologique, LCI vous donne les clés pour responsabiliser davantage votre dressing.

Du recyclage pour un coton éco-responsable

Un quart de la production mondiale des fibres textiles provient du coton. Sa culture nécessite beaucoup d’eau, de soleil… et de pesticides. "Environ 25 % de tous les pesticides et 10 % des engrais utilisés dans le monde sont destinés à la culture du coton", indiquait en 2010 Marek Weltrowski, chimiste spécialisé en textile, dans l'ouvrage collectif L'Éthique de la mode féminine. Alors pour éviter de puiser de façon excessive dans les ressources de notre planète, le mieux est d'abord d'opter pour des pièces composées fibres recyclées. Cela permet d'optimiser davantage la production de coton.

Dans un guide intitulé Le revers de mon look, l'agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie (Ademe) conseille d'autre part de privilégier l’achat de vêtements en lin ou en chanvre, moins gourmands en eau. Pour Thomas Huriez, fondateur de la boutique de vêtements écologiques et équitables Modetic et de la marque de jeans Made in France 1083, les choses sont pourtant plus compliquées que cela. "Choisir un vêtement en lin, ça ne veut rien dire. Parce que le lin qui n'est pas bio consomme quand même des pesticides. Et s’il est cultivé en Chine, on ne sait pas comment c’est fait, si c’est du commerce équitable, comment il est teint…", affirme-t-il.

Fibres de bambou, pulpe de bois... Remplacer le synthétique

Côté synthétique, le bilan écologique n’est pas plus glorieux. 70% des fibres synthétiques (nylon, acrylique, élasthanne, lycra ® …) produites dans le monde proviennent du pétrole. Leur fabrication nécessite des procédés industriels extrêmement polluants et énergivores. Privilégiez donc, pour ce type de textile, des fibres issues de ressources naturelles comme la cellulose de bois. Vous retrouverez ainsi en magasin des vêtements en fibres de bambou, en lyocell (produit à partir de pulpe de bois), ou en Tencel ® (issue de bois d’eucalyptus). Les fibres synthétiques peuvent également provenir du recyclage de bouteilles en plastique, utilisées dans la fabrication de la polaire.

Choisir son vêtement en fonction de son origine

Avant d'être vendus en magasin, un vêtement peut faire le tour du monde. Création, tissage, teinture, assemblage, conditionnement, stockage... Par souci d'économie pour les marques, les étapes de conception peuvent être séparées par des milliers de kilomètres, parcourus en avion en cargo ou camion, très consommateurs en carburant.

Pour éviter ces transports inutiles, il est avant tout indispensable de lire l'étiquette pour connaître le pays de fabrication du vêtement. Plus le pays est proche, mieux c'est. Les labels France Terre Textile et Origine France Garantie certifient que la production de l’article labellisé est majoritairement réalisée en France (75% du vêtement pour le premier label, 83% pour le deuxième).

Le textile Made in France, un pari qui a du sensSource : JT 20h Semaine
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Attention à la guerre des logos

Pour s'y retrouver, l'Ademe conseille d'ailleurs de privilégier les vêtements portant des labels. Malgré tout, Thomas Huriez estime la filière trop complexe pour se fier à leur utilisation. "Il y a plein de manières d’être écologique, explique-t-il. Dans le jean par exemple, je peux en citer quatre : la matière première, les kilomètres, la teinture et le délavage. Ça c’est pour le jean. Mais la chaussure a ses propres spécificités avec le tannage du cuir, la semelle en caoutchouc ou en polyuréthane…"

Et sachant que chaque paramètre, ou presque, peut disposer d'un label à part entière, le cafouillage est vite arrivé. "C’est tellement complexe que du coup, c’est facile de communiquer grassement sur le sujet et de s’acheter une conscience, ou en tout cas de la vendre à ses clients." "Pour moi la seule solution, c’est la transparence des marques", martèle l'entrepreneur, qui cite en exemple Ekyog, Patagonia, Bleed ou encore Armedangels.

La moitié des dommages sur l’environnement due à l’entretien du linge

Sélectionner ses vêtements en fonction de leur empreinte écologique est certes un grand pas pour la survie de notre planète. Mais les entretenir de façon responsable est une autre paire de manches. Selon l'Ademe, la moitié des impacts sur l’environnement est due à l’entretien des vêtements. Au-delà de l'énergie consommée pour laver, sécher et repasser, les lessives peuvent également être polluantes tant elles contiennent de parfums et de substances peu biodégradables comme les tensio-actifs. D'autre part, comme évoqué plus haut, les vêtements en fibre synthétique relâchent des milliards de microparticules de plastique dans les océans. "C’est la principale source de pollution des océans devant les sacs plastiques", souligne l'agence environnementale.

Pour alléger la facture pour la planète, lavez le le moins souvent possible à haute température. 30 à 40 degrés suffisent. Évitez également de passer à la machine des vêtements qui n'ont été portés qu'un seul jour et qui ne sont donc pas vraiment sales. Enfin, mettez de préférence dans votre caddie des produits nettoyants porteurs de l'Écolabel européen, ou fabriquez votre lessive vous-même. Il existe en effet des recettes simples à réaliser et très efficaces.


Charlotte ANGLADE

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