APPLICATION – Depuis 30 ans, le service de cartographie français Mappy a su s’adapter à toutes les évolutions technologiques. Service minitel, puis internet, il est désormais disponible en application mobile. Celle-ci a connu un coup de jeune il y a quelques mois pour continuer de lutter à armes égales avec Waze ou Google Maps.
Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne connaissent sans doute pas. Celui où, avant de partir en vacances, Via Michelin, Maporama ou Mappy faisaient exploser le trafic internet afin de proposer le meilleur trajet pour rejoindre son lieu de villégiature. C’était avant les années 2000 et l’avènement des GPS, de Google Maps ou encore de l’appli Waze. Fer de lance de la cartographie et des trajets imprimés sur des feuilles volantes, Mappy est peu à peu retombé dans l’anonymat, sans pour autant perdre ses aficionados.
Car tout a commencé il y a 30 ans sur Minitel avec le 3615 ITI, nous rappelle Florence Leveel, directrice marketing de Mappy. "C’était une collaboration entre un département de France Telecom et la sécurité routière pour concevoir un service de calcul d’itinéraire", explique-t-elle. Chez Mappy, on a toujours voulu être à la pointe de la technologie : le Minitel passe de mode, la société française se met à Internet dès la fin des années 1990. Le site connaît un succès immédiat. Il reçoit le soutien de l’application mobile pour iPhone dès l’apparition du produit phare d’Apple en 2007. Petite révolution, il va progressivement ajouter l’itinéraire piéton à celui en voiture et en 2010, une seconde appli voit le jour avec le GPS intégré et le choix entre différents modes de transport.
Numéro deux derrière Google Maps
Moins en vue qu’avant, Mappy n’en continue pas moins de figurer parmi le Top 30 des sites français les plus consultés et d’enregistrer quelque 13 millions de visiteurs uniques pour 45 millions de visites chaque mois. "En termes de notoriété, nous sommes plutôt bien positionnés", souligne Florence Leveel alors que Mappy est le second site de cartographie utilisé derrière Google Maps. "Mais nous ne sommes pas perçus comme innovant." L’heure est à la modernisation.
"Une grande partie du trafic se fait désormais sur mobile", ajoute-t-elle. "Il était important de revoir notre application pour tout avoir au même endroit. On a donc lancé une nouvelle version en octobre dernier avec le multimodal intégré. On peut désormais comparer les modes de transport sur un trajet, personnaliser en choisissant un trajet rapide ou court, opter pour des transport en commun, l’Autolib ou même le vélo en libre-service ou non."
Mappy veut désormais être autre chose qu’un service proposant le meilleur itinéraire. Alors, il a complété son offre. Tout d’abord avec le trafic en temps réel grâce à son partenariat avec TomTom, et en ajoutant de nombreuses options à son calculateur. Vous pouvez savoir quel mode de transport s’avèrera le moins onéreux entre la voiture, le covoiturage (Blablacar), l’autocar (OuiBus, Flixbus, etc.) ou encore le train. Même l’avion sera bientôt ajouté à la recherche. "C’est notre ‘plus’ par rapport à nos concurrents. Nous permettons ainsi à l’utilisateur de connaître tous les coûts et les durées", se félicite Florence Leveel. Et l’appli compte également de nombreux partenaires pour vous épauler sur la route ou vous aider à trouver des boutiques (Norauto, Renault, Casino, Midas, OpnGo, McDonald’s, Marionnaud, des enseignes commerciales, etc.).
A cela s’ajoute déjà le calcul du trajet en VTC (Uber) ou en taxi (G7). Ce déploiement se poursuivra au cas par cas, ville par ville. D’autres évolutions sont à prévoir, nous annonce-t-on du côté de Mappy : la prise en compte d’un abonnement Autolib ou Vélib, les options de déplacement, la prise en compte du modèle du véhicule et de l’essence, le nombre de personnes prévues, les usages (confort recherché, classe dans le train, etc.).
Etre plus fun, plus moderne et plus jeune
Chez Mappy, on est déjà projeté dans l’avenir de ses produits. "On espère avoir un comparateur de déplacements car aujourd’hui, nous renvoyons vers des partenaires pour certains modes de transport. L’idée est que nous puissions directement les intégrer ainsi qu’un moyen de paiement pour les titres de transport, par exemple, pour avoir un billet dématérialisé dans l’appli", déclare la directrice marketing. Concevoir un déplacement intelligent est aussi à l’ordre du jour en injectant une dose d’intelligence artificielle qui permette d’affiner la recherche. "Nous travaillons aussi sur un bot Messenger qui aide les voyageurs en proposant une recherche conversationnelle et, à plus long terme, un guide de voyage," prédit-elle.
Avec des évolutions "plus fun, plus modernes et donc plus jeunes", Mappy redore son image et se rend plus attractif auprès de potentiels nouveaux utilisateurs. Mais aussi de partenaires. Alors que Google Maps envisage de faire payer son service très utilisé de cartographie (API) par les entreprises, son concurrent français séduit de plus en plus avec un service complet et… gratuit. Pole Emploi a ainsi confié ses cartes à Mappy tout comme Darty et son option pour localiser ses boutiques. Et d’autres grands noms envisagent aussi de prendre sa roue.