Christophe Galfard : "L’univers est bien plus vaste qu'on ne l'imagine"

Publié le 2 juin 2015 à 8h00
Christophe Galfard : "L’univers est bien plus vaste qu'on ne l'imagine"

ESPACE - Docteur en physique théorique et ancien élève du cosmologiste britannique Stephen Hawking, Christophe Galfard se consacre à la vulgarisation scientifique. Il répond à metronews à l’occasion de la sortie mercredi, de son nouvel ouvrage, "L’Univers à portée de main", une découverte passionnante, accessible à tous.

Comment vous sont venues l’idée et l’envie d’écrire ce livre ?
La plupart des connaissances du grand public correspondent à l’univers tel qu’on le connaissait il y a 150 ou 200 ans. L’univers tel qu’on le connaît aujourd’hui est beaucoup plus vaste. C’est une source de rêves, d’imaginaire et de fantasmes plus vaste que tout ce que l’on peut imaginer. C’est aussi une manière d’éloigner les charlatans et de ne pas se faire avoir par des discours farfelus qui utilisent le vocabulaire de la science sans en être réellement.

Trouvez-vous que le monde actuel manque d’éducation scientifique ?
Oui, mais avec l’épopée de la sonde Rosetta et des films comme Gravity ou Interstellar, on sent qu’il y a un engouement et une quête de savoir et de connaissance. Pas mal de repères me paraissent
perdus depuis quelques années, avec des guerres de religions où tout paraît bizarre. Je ne dis pas que la science est là pour remplacer la religion, mais ça peut nous réancrer dans un présent assez positif, une avancée humaine à laquelle toutes les religions et les cultures participent.

Avez-vous été inspiré par d’autres vulgarisateurs avant vous ?
Tout d’abord, Stephen Hawking, j’ai lu Une brève histoire du temps quand il est sorti, je devais avoir 13 ou 14 ans et je l’avais adoré. Ma mère m’a raconté qu’à 8 ans, je voulais déjà travailler avec lui, mais elle refait peut-être l’histoire [rires]. J’adorais aussi les dessins animés Il était une fois l’espace et Les Mystérieuses Cités d’or. J’aime le fait que la science puisse être racontée en histoires.

Qu’apprend-on auprès d’un scientifique comme Stephen Hawking ?
Il est extrêmement présent, il nous suit dans nos recherches, ce qui n’est pas le cas de toutes les stars de physique théorique. C’est une véritable star dans le monde. Aux Etats-Unis, les gens viennent le toucher dans la rue et il fait des conférences devant des dizaines de millers de personnes, dont 300 ou 400 qui dorment devant pour être sûrs d’avoir une place. Il est presque plus connu que Barack Obama, d’une certaine manière. Et quand on travaille avec une personne de ce calibre, nos interlocuteurs sont des prix Nobel, des médailles Fields… Ça marque quand on a 20 ans !

Quand on vulgarise, il s’agit souvent de faire des choix. Comment avez-vous procédé ?
J’ai supprimé 250 pages. J’aurais pu faire d’autres choix. J’avais un grand tableau pour voir comment relier les thèmes entre eux et quelles notions je devais répéter pour bien faire comprendre la suite. Puis j’ai fait lire ça à des professeurs pour vérifier que je n’avais pas écrit de bêtises. Donc je sais que, dans tout ce que j’écris, il y a des approximations, mais que rien n’est faux.

Justement, certains scientifiques ne trouvent-ils pas votre démarche réductrice ?
Que mon discours soit réducteur, oui. En revanche, croire que je n’en suis pas conscient, ce n’est pas justifié. J’aimerais que les connaissances scientifiques alimentent l’imaginaire de tous. L’idée n’est pas de démontrer que j’ai un savoir mais de proposer un voyage dans ces connaissances-là.

Vous avez dit que la vulgarisation est le futur de l’humanité…
Je ne sais pas si je l’ai dit comme ça, mais certains problèmes n’ont de solution que scientifique, par exemple la survie de l’humanité. Dans 5 milliards d’années, le Soleil va exploser. C’est en améliorant notre technique et notre compréhension qu’on arrivera à survivre. Si les dinosaures avaient créé des universités, ils seraient peut-être encore en vie.

A quoi servent ces connaissances dans le quotidien des humains ?
Ça fait du bien à l’esprit et au corps. L’univers et l’espace sont un peu comme un placard dans une chambre d’enfant. La nuit il fait noir, le placard fait peur. Si vous allumez la lumière et que vous montrez à l’enfant que le placard est vide, la peur s’en va.

Et si, demain, une chaîne vous sollicite pour adapter votre livre en format télévisuel ?
Je dis oui directement. Ça fait quelques années que je fais du lobbying auprès des chaînes, mais sans grand succès, car elle ne veulent pas de sciences. Selon elle, cela n’intéresse pas les gens, mais c’est faux.


La rédaction de TF1info

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