Entre envie et inquiétude, le marché du smartphone reconditionné prêt à décoller

par Mélinda DAVAN-SOULAS
Publié le 22 novembre 2018 à 16h58, mis à jour le 22 novembre 2018 à 23h00
Entre envie et inquiétude, le marché du smartphone reconditionné prêt à décoller
Source : Melinda DAVAN-SOULAS

TENDANCE – Alors que 83% d’entre eux avouent avoir un appareil inutilisé au fond d’un tiroir, une enquête Ifop menée pour l’entreprise SMAAART montre que les Français sont de plus en plus sensibles et réceptifs à la question du reconditionnement des smartphones. Véritable enjeu écologique –et même économique-, le mobile reconditionné oscille cependant encore entre inquiétude et prise de conscience.

Back Market, Certideal, Rebuy, Recommerce, YesYes, SMAAART… Les acteurs se multiplient depuis quelques années sur le très florissant marché du smartphone reconditionné. Donner une seconde vie à un téléphone mobile en réalisant à la fois un geste pour la planète en recyclant et pour votre portefeuille en revendant des objets souvent inutilisés est devenue une musique qui résonne de mieux en mieux aux oreilles des consommateurs.

En 2017, selon l’institut d’études GfK, il se serait ainsi écoulé plus de deux millions de téléphones reconditionnés en France, sur quelque 24 millions d’unités vendues. Et la tendance serait à la hausse, alors que le taux de smartphones neufs tend à décroître malgré la multiplication des acteurs (-22,4 % pour les mobiles neufs entre 2015 et 2017). Au point qu'aujourd'hui, un Français sur cinq a déjà acquis un smartphone reconditionné, avance une étude Ifop réalisée pour l’entreprise de reconditionnement premium SMAAART. Un chiffre qui atteint même 31% chez la génération Z (18-23 ans) tandis que le taux décroît avec des populations plus âgées.

"Un marché potentiel de 8,6 millions d’appareils"

L’enquête montre également un regain d'intérêt pour les smartphones reconditionnés puisque 36% des 18-65 ans se disent prêts à se laisser tenter. Soit un marché potentiel de près de 8,6 millions d’appareils qui explique l’engouement actuel des sites internet, mais aussi d’entreprises et de grandes enseignes comme la Fnac. Sans oublier que, selon l’Ifop, 83% des Français ont des smartphones inutilisés dans leurs tiroirs. Là aussi, le potentiel, de vendeurs cette fois, est important.

Si les acheteurs qui ont déjà opté pour un appareil reconditionné par le passé sont prêts à refaire de même (67%), l'étude pointe cependant un problème de définition du reconditionnement, pas forcément bien compris. "Nous avons un effort pédagogique à faire pour qu’il y ait une meilleure compréhension, même auprès de ceux qui sont déjà acheteurs", reconnaît Jean-Christophe Estoudre, le président de SMAAART. Deux sondés sur trois confondent en effet téléphone reconditionné et téléphone d’occasion acheté à un autre particulier. "Chez SMAAART, nous nous occupons de vérifier que l’appareil répond à 40 points de contrôle, que sa batterie – le point souvent sensible- est opérationnelle ou alors nous la changeons, que ses accessoires et ses fonctionnalités sont opérationnelles avant de le proposer à la vente. Il est impératif d’apporter une garantie supplémentaire par rapport à un simple téléphone d’occasion", souligne Marlène Taurines, directrice générale de l’entreprise.

SMAAART

Un impact positif sur l’emploi aussi

Parmi les freins souvent avancés, figurent également la peur de la panne (45%), que le service après-vente ou le service clientèle soient injoignables et que la garantie de l’appareil ne puisse donc pas être appliquée. Evidemment, le prix est le vecteur le plus important pour franchir le pas (31%). L'argument de proximité se fait aussi entendre et, pour les Français, le SAV ou les usines de reconditionnement doivent être dans l'Hexagone (12%). "Nous avons bien compris ces arguments", souligne Marlène Taurines. "Notre usine est basée près de Montpellier. Depuis le lancement de notre activité vers le public en janvier 2017, nous avons embauché près d’une centaine de personnes (l’entreprise était spécialisée en BtoB jusque-là, ndlr). Tout est fait sur place, de la R&D à la vérification des smartphones reçus, la logistique et l’envoi. Car on sait que la confiance en l’entreprise est primordiale". 

Des arguments économiques, environnementaux, financiers et sociétaux : voilà donc ce qu’avance le jeune acteur du marché.  "Nous avons une position engagée sur ce secteur et une expertise de plusieurs années sur la réparation comme le reconditionnement de technologie", résume Jean-Christophe Estoudre. Pour que cela prenne, il faut que tout soit moins opaque. Mais il faut aussi que les institutionnels comme les pouvoirs publics relaient les opérations et incitent à reconditionner ou à recycler."

Quel impact ont les smartphones que vous utilisez sur l’environnement ?Source : JT 20h Semaine

Un cadeau pour Noël ?

Dans cette optique, SMAAART a mis en place un système de collecte des appareils avec Eco-Systèmes au sein d’une boutique éphémère installée au cœur de Paris (16 rue Saint-Merri). Il est aussi possible de venir s’y informer, de revendre un smartphone et de repartir avec un bon d’achat de la valeur équivalente (valable uniquement chez SMAAART au pop-up store ou en ligne) ou d’acheter un nouvel appareil sur place. "Nous voulons ainsi être transparents sur notre façon de faire, expliquer notre engagement sur la qualité et l’impact positif pour l’environnement de la démarche", avance Marlène Taurines. "Cela va aussi nous permettre de mieux connaître les attentes de nos consommateurs". L’entreprise propose ainsi des smartphones à des prix très variables (de 59 à 700 euros environ), du premium aux appareils au design parfois plus imparfait ou avec un défaut qui n’en empêche pas l’usage. 

En allant au contact du public avec son pop-up store parisien -"qui ne fera pas gagner de l’argent, au contraire sans doute pour notre petite entreprise"-, SMAAART espère faire évoluer les mentalités. 29% des sondés avouent être tentés d’opter pour le reconditionné comme cadeau de Noël. Une attitude responsable, écologique et… économique aussi. 

Melinda DAVAN-SOULAS

Etude menée en ligne du 26 au 30 octobre auprès de 1.000 personnes de 18 à 65 ans représentatives de la population française


Mélinda DAVAN-SOULAS

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