RATÉ - Quatre ans après avoir initié le projet, Facebook a renoncé à son drone solaire autonome qui devait permettre aux zones les plus reculées de la Terre d’accéder à internet. La firme de Mark Zuckerberg avance un argument économique et concurrentiel pour justifier l’arrêt du projet Aquila. Mais ne renonce pas à son programme technologique.
L'initiative de Facebook était des plus ambitieuses : permettre aux zones les plus reculées du globe d’accéder à Internet grâce à l’intervention aérienne d’un drone solaire géant. Mardi soir, la firme de Mark Zuckerberg a annoncé qu’elle renonçait au projet Aquila, pourtant point central de son programme Internet.org pour "connecter le monde".
Initié vers 2014, après un premier essai réussi il y a deux ans quasiment jour pour jour, Aquila n’a jamais réussi à totalement prendre son envol. Zuckerberg en avait pourtant fait une priorité. L’idée était d’envoyer dans le ciel des drones solaires de 34m d’envergure et de 400 kg qui serviraient d’antennes internet mobiles. Ils devaient avoir une autonomie de trois mois et voler à 18 km du sol, de manière circulaire (96 km de diamètre), avec une consommation équivalente à celle d’un micro-onde (5.000 W).
"Pour réussir à voler au-dessus de régions reculées et fournir une connexion durant trois mois consécutifs, nous allons devoir battre le record du monde de vol solaire sans pilote, qui est pour le moment de deux semaines", expliquait en juillet 2016 Mark Zuckerberg. Le jeune milliardaire aura perdu son pari. Le problème ne viendrait cependant pas du temps de vol stationnaire mais de la difficulté qu’avaient les drones à regagner la terre ferme.
Google toujours sur son projet Loon de ballons à l'hélium
Facebook a donc préféré renoncer à son projet, gourmand techniquement et financièrement, pour le moment en raison d’une concurrence intense sur les plateformes de haute altitude. "Au vu de ces avancées, nous avons décidé de ne pas concevoir ou construire notre propre avion et de fermer nos locaux à Bridgewater", a annoncé dans un communiqué Yael Maguire, responsable de l’ingénierie chez Facebook. "Nous continuerons de travailler avec des partenaires tels qu’Airbus sur (le programme Aquila) de manière générale, ainsi que sur les technologies nécessaires au fonctionnement de ce système, comme des ordinateurs de contrôle pour les vols et des batteries à haute densité".
Pourtant, la société de Palo Alto sait le potentiel incroyable d’un tel projet. Ce sont près de quatre milliards de personnes qui n’ont actuellement pas accès à internet et donc au réseau social. Un marché qui attise les convoitises. Google s’y essaie aussi avec son projet baptisé Loon – des ballons d’hélium flottant dans la stratosphère qui serviraient d’antennes-relais- et qui peine aussi au décollage. Conscient de la bataille à distance que se livrent les deux géants californiens et ne voulant pas servir d’enjeu, l’Inde avait poliment refusé l’aide gratuite au développement du réseau internet.