Grève : pourquoi Waze, Google Maps et les autres n'arrivent pas à calculer votre heure précise d'arrivée

Publié le 10 décembre 2019 à 7h44, mis à jour le 10 décembre 2019 à 7h51

Source : TF1 Info

VOITURE - Les temps de parcours des automobilistes franciliens ont été fortement rallongés ce lundi matin en raison des perturbations dans les transports en commun et de la pluie. Plutôt précis habituellement, les systèmes de guidage connectés ont été incapables de prédire de manière précise les heures d'arrivée. Explications.

La circulation s'annonçait particulièrement difficile sur les routes d’Île-de-France ce lundi matin, avec la grève contre la réforme des retraites et la paralysie des transports en commun qui l'accompagne. Les automobilistes n'ont pas été déçus, d'autant que la situation a été aggravée par la pluie. Au milieu des bouchons, Waze, Google Maps et consorts n’avaient pas d’oreilles pour entendre les noms d’oiseaux s'échappant de la bouche des automobilistes, exaspérés de voir l'estimation de leur heure d'arrivée au travail inlassablement augmenter au fil du temps.

Parti de la Porte de la Chapelle à 8h25, Gilles a ainsi mis quasiment deux heures pour rallier Boulogne-Billancourt, à l’extrême opposé. "A mon départ, Waze estimait mon heure d'arrivée à 9h45. Finalement, je suis arrivé à 10h25 au bureau...", témoigne cet automobiliste. Plutôt fiables habituellement, les applications de navigation, qui s'appuient sur les informations remontées en temps réel par leurs utilisateurs pour alimenter des modèles de prévision, ont été incapables de déterminer le temps de parcours précis des automobilistes franciliens. 

S’il y avait des grèves plus souvent, leurs prédictions seraient certainement plus pertinentes
Christine Buisson, chercheuse à l’Institut français des sciences et des technologies des transports.

Sur son site internet, Waze explique qu'en plus des informations remontées en temps réel par ses utilisateurs, ses prédictions se basent sur une synthèse de l’historique du trafic routier et de l'analyse prédictive. Le "floating car data" ("données de véhicule flottant", en français), qui existe depuis dix ans, consiste à collecter les données des utilisateurs de systèmes de guidage connectés – TomTom, Coyote, Waze, Google Maps, etc. – pour comprendre l’évolution du flux routier et obtenir des temps de parcours sur certains axes.

Sauf que les modèles de prévisions sur lesquels reposent ces services se retrouvent démunis lorsqu'ils sont confrontés à une situation exceptionnelle, comme ce fût le cas ce lundi. "Les systèmes de guidage connectés sont en effet très performants pour anticiper ce qui est prévisible, comme les heures de pointes, les départs en vacances, etc. En revanche, ils se révèlent inefficaces face à ce qu'ils ne connaissent pas. S’il y avait des grèves plus souvent, leurs estimations de temps de parcours seraient certainement plus pertinentes", explique Christine Buisson, chercheuse à l’Institut français des sciences et des technologies des transports (Ifsttar).

L’impact de la pluie ou de la neige, c’est possible de l'anticiper. Mais le facteur humain, il y aura toujours une part d'impondérable.
Vincent Martinier, porte-parole TomTom

Grève dans les transports, embouteillages monstres : Paris, Lyon, Metz... et même le LuxembourgSource : TF1 Info

Pour établir les temps de trajet, l’algorithme de TomTom, par exemple, remonte ainsi des infos du terrain toutes les trente secondes, et les restitue à l’utilisateur chaque minute environ. "Tout se fait en temps réel, détaille auprès de LCI le porte-parole de l'application, Vincent Martinier. Notre algorithme détecte les embouteillages qui se forment en analysant le temps de parcours des utilisateurs. Lorsqu’il voit qu’un échantillon significatif de voitures ralentir au même moment et au même endroit, il en déduit que c’est un bouchon. Ensuite, il va déterminer sa taille et calculer automatiquement le temps nécessaire pour le traverser". 

Pour cela, l’algorithme de TomTom s’appuie sur les milliards de données qui sont agrégées tout au long de l’année depuis plus de dix ans", poursuit le porte-parole de TomTom. "L’impact de la pluie ou de la neige, c’est possible de l'anticiper. Mais avec le facteur humain lié à un événement comme une grève, il y aura toujours une part d'impondérable. En général, le premier de la grève, les gens ne prennent pas leur voiture. Soit ils posent une RTT, soit ils font du télétravail. Jeudi dernier, le trafic était fluide dans toute l’Île-de-France. A partir du deuxième jour de grève, en revanche, les choses se compliquent, car il est très difficile d’anticiper comment les gens vont réagir, même avec les meilleurs algorithmes."


La rédaction de TF1info

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