L’eSport trace son chemin en France

par Mélinda DAVAN-SOULAS
Publié le 20 août 2018 à 14h21, mis à jour le 20 août 2018 à 14h35
L’eSport trace son chemin en France

JEUX VIDÉO – Avec près de 300 jeux qui servent de support de compétition eSport (ou jeu vidéo compétitif), il devient difficile de se frayer un chemin. Après près de deux ans de mutation, Rainbow Six Siege peut se féliciter du pari fait par Ubisoft. Du 17 au 19 août, le Six Major, tournoi international d’importance, a fait salle comble au Parc des expositions de la porte de Versailles devant un public conquis.

Un agent du SAS anglais qui défonce la porte tandis qu'une opératrice du GIGN fait rouler ses drones pour repérer les lieux et qu'un membre des Navy Seals américain assène le premier coup. L'assaut va pouvoir être donné sous les applaudissements de la foule en délire. Depuis deux ans et l'orientation eSport prise par son jeu Rainbow Six Siege, Ubisoft connaît un succès certain. Sorti dans un relatif anonymat sur consoles et PC fin 2015, après des débuts délicats, le jeu de tir stratégique à la première personne a changé de dimension en devenant compétitif (cinq contre cinq). En juin dernier, l'éditeur français se félicitait même d'avoir atteint les 35 millions de joueurs actifs sur ses serveurs, attirés aussi par les prouesses des joueurs professionnels qui s'y consacrent à temps quasi plein.

Qui dit compétition dit organisation d'événements pour garder la ferveur intacte et aussi attirer de plus en plus de joueurs, professionnels ou non. Rainbow Six Siege avait eu le droit à son premier tournoi d'importance en février dernier à Montréal avec le Six Invitational. Ubisoft a décliné le concept en Major, tournois d'importance réunissant les 16 meilleures équipes de la compétition, dont le premier arrêt a eu lieu la semaine passée à Paris.

Le succès a été au rendez-vous avec un Hall 4 du Parc des expositions de Paris-Porte de Versailles qui a affiché complet tout le week-end du 17 au 19 août (2000 spectateurs chaque jour). Preuve s'il en fallait que le public français se prend d'amour pour l'eSport. Les jeux phares comme League of Legends (qui avait rempli le Zenith de Paris puis l'AccorHotel Arena), Dota 2, Counter Strike : Global Offensive ou Call of Duty attirent les foules à chaque compétition. Le jeu Rainbow Six Siege marche sur leurs traces, petit à petit. "Pour développer l'eSport, Il faut des moyens et du temps. Aller trop vite, c'est aussi faire des erreurs en termes d'intégration des sponsors, de faire venir du mechandising. C'était important pour nous, pour l'industrie de l’eSport en France, d'y aller étape par étape", explique François-Xavier Denièle, directeur eSport chez Ubisoft EMEA et organisateur du Six Major de Paris. 

Melinda DAVAN-SOULAS

Le jeu vidéo avec les codes du sport... et les siens !

Le choix de la France ne s’est pas fait par hasard. Paris, c’est aussi à proximité du siège de l’éditeur français entre autres d’Assassin’s Creed et Just Dance (à Montreuil). "On voulait remercier la communauté française qui est là depuis le début du jeu", souligne ainsi François-Xavier Denièle qui rappelle le "rapport historique" de la France à l’eSport et son rôle moteur en Europe. "Depuis très longtemps, il y a de nombreux d'événements semi voire non professionnels organisés. La France a su prendre le train de l'eSport professionnel avec des compétitions majeures organisées dont League of Legends (dès 2014, ndlr). C'est important de montrer que l'Europe est toujours là dans l'eSport. L'Asie a une grosse attraction avec des compétitions dans des stades, des communautés qui se déplacent. L'Europe reste une place forte. De grosses structures y apparaissent avec des infrastructures importantes comme Vitality qui en plus est française."

Succès auprès des joueurs en ligne, mais aussi en réalité. Ils ont été nombreux à venir assister aux trois jours de compétitions ouverts au public, mais aussi à profiter des différentes activités organisées pour eux au "village Rainbow Six" : course de drones, réalité virtuelle, rencontre avec les joueurs pro, boutique, maquillage, et même la découverte en avant-première de la prochaine extension du jeu de tir qu’il était possible de tester. "On ne vient pas uniquement voir de l'eSport pour voir une compétition, mais aussi pour voir des animations autour, ce que le sport fait moins", explique-t-on du côté d’Ubisoft. Faut-il désormais y voir davantage une compétition qu’un loisir ? Oui, en quelque sorte, reconnaissent joueurs et organisateurs. "On est dans le jeu vidéo avec les codes du sport", résume François-Xavier Denièle. "L'eSport se professionnalise rapidement et énormément. En quatre-cinq ans, il a déjà pas mal de codes. On a aussi su créer nos propres codes."

Des millions de vues sur Twitch (près de 25 millions pour la finale entre Evil Geniuses et G2 eSports), un public en délire : la prise d’assaut de la porte de Versailles a été couronnée de succès pour Ubisoft. Une première parisienne réussie pour le ténor du secteur qui voit déjà plus loin : "Mon rêve, c'est d'avoir une équipe féminine compétitive dans un major, glisse François-Xavier Denièle . On a de plus en plus de femmes qui se déplacent et qui jouent. Il y a des équipes mixtes de haut niveau comme les Américains de CloudNine et une équipe brésilienne a une femme coach. Alors pourquoi ne pas avoir une meilleure représentation en tournoi majeure ?"


Mélinda DAVAN-SOULAS

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