ADDICTION - Laisser son smartphone dans un tiroir au moment de partir en vacances, ne plus être l'esclave de ses notifications et de ses messages, tenter un sevrage "à la dure" pendant l'été, c'est le test que l'on fait pour vous ces jours derniers. L'occasion de faire un break, et de constater la sévérité de sa propre addiction. Ou pas ?
Le constat est à la fois connu et implacable : notre addiction aux écrans est bien réelle, nous passons tous beaucoup trop de temps sur nos smartphones. En moyenne, les Français le consultent plus de 25 fois par jour, pour les 18-29 ans c’est même deux fois plus encore, et ces chiffres ne sont que des moyennes, les professionnels les plus connectés doivent allègrement dégainer leur smartphone une bonne centaine de fois par jour. Êtes-vous un accro pathologique ? Tous les spécialistes de l’addiction vous le diront, le premier pas vers la guérison, c’est d’accepter sa maladie, et de tester son degré d’addiction.
Pour ce faire, les vacances d'été sont le moment idéal pour tenter un sevrage, une "digital detox", plus de smartphone, pas de tablette ou d'ordinateur portable non plus. Pendant votre break, personne ne vous en voudra de ne pas répondre à vos mails, de déconnecter de Facebook ou LinkedIn, ou d'ignorer les SMS de vos amis. Au-delà des premières sensations, de cette poche soudain vide que l'on ressent de prime abord comme un bug, comme un oubli, l'opération a ses avantages.. et ses inconvénients.
Finie la tyrannie des notifications
Au bout de quelques heures seulement, après peut-être quelques symptômes de manque, l'impression est libératrice. Votre journée n'est plus ponctuée par les notifications, les messages, les sollicitations de vos applications. On se sent soudain plus léger, et davantage maître de son temps. Le temps, justement, passe plus lentement quand on n'emporte pas avec soi l'arme de distraction massive qu'est votre smartphone au quotidien. Ce n'est pas très charitable, mais on en vient à regarder avec un soupçon de pitié ces couples qui au restaurant ne se parlent pas en attendant le plat, chacun concentré sur son écran.
Lire aussi
"Smombie" : quand l'addiction au smartphone vous fait errer comme un zombie
Lire aussi
Trouble du jeu vidéo reconnu par l’OMS : "L’addiction est le symptôme d’un parcours de vie difficile, pas une maladie"
Lire aussi
"Ils sont totalement accros", des enseignantes nous racontent l'addiction de leurs élèves au portable
Pour que votre épisode de detox se passe bien, il faudra éviter certains écueils. D'abord, un sevrage, ça se prépare : mettez en place une réponse automatique à vos mails, changez l'annonce de votre répondeur, pour que vos correspondants sachent que vous ne répondrez pas à leurs messages pendant quelque temps. Vous pouvez aussi en avertir vos contacts sur les réseaux sociaux, vous verrez à l'occasion à quel point le sujet du sevrage numérique fait débat.
Autre souci : si au quotidien le smartphone peut vous faire perdre votre temps, il est devenu un outil presque indispensable en voyage, à la fois pour le GPS, la musique, pour stocker vos billets et réservations, et même juste pour trouver un restaurant une fois arrivé à destination. Se passer de smartphone, c'est se propulser une ou deux décennies en arrière, devoir minutieusement préparer ses vacances à l'avance, et tout imprimer avant de partir. Et si "rester joignable" vous obsède, aller vous offrir - pour une trentaine d'euros à peine - un bon vieux téléphone mobile à clavier, de quoi passer et recevoir des appels, et quelques SMS, mais rien d'autre.
Quand une addiction cache d'autres problèmes
Surtout, là où l'addiction au smartphone rejoint celles aux drogues ou à l'alcool, c'est quand elle cache d'autres troubles, quand l'écran devient une béquille qui permet de mettre de côté ou de tenter d'ignorer des problèmes plus profonds. Ces couples scotchés à leurs écrans, se parleront-ils plus si l'on met le smartphone de côté ? Pas forcément... Le sevrage peut ici jouer un rôle de révélateur de soucis que les écrans cachaient jusqu'alors. Avant de tenter votre "digital detox", faites-en un sujet de discussion avec l'autre, pour tenter l'expérience à deux, pourquoi pas ?