Face aux scandales des données personnelles, un Français sur cinq a quitté un réseau social depuis un an

par Mélinda DAVAN-SOULAS
Publié le 3 avril 2019 à 7h00, mis à jour le 3 avril 2019 à 11h49

Source : Sujet TF1 Info

BYE BYE - Comme chaque année, Norton dévoile son rapport sur les cyber-risques et les comportements des Français en ligne. Et il en résulte, plus que jamais, un comportement paradoxal. Si 21% d’entre eux ont ainsi supprimé leur compte sur un réseau social pour des raisons de confidentialité, ils sont encore nombreux à laisser leurs données personnelles filer sur internet par confort.

A une époque où les scandales de vol de données personnelles se multiplient, avec souvent au cœur de l’affaire un réseau social ou une grande entreprise ; où le Règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur pour inciter les entreprises du net à plus de vigilance, les internautes du monde entier se montrent de plus en plus méfiants. 

L’an dernier, près de 18 millions de Français ont il est vrai été victimes d’actes de cybercriminalité, pour des pertes estimées à 1,98 milliard d’euros. 67% d'entre eux se déclarent donc plus préoccupés que jamais par le respect de leur vie privée, selon le rapport annuel Norton LifeLock* sur la sécurité en ligne publié ce mercredi. Ils sont par exemple nombreux à réclamer aux entreprises un droit de regard sur l’utilisation qui est faite de leurs données personnelles (97%).

Preuve que les différentes affaires qui ont touché notamment Facebook n’ont pas laissé les Français indifférents, 42% accordent peu de confiance aux réseaux sociaux pour gérer et protéger leurs données personnelles. Et 53% n’en accordent même aucune. Conséquence de ce désamour et des inquiétudes autour de la confidentialité des données, un Français sur cinq (21%) disposant d’un compte sur un réseau social l’a supprimé ces 12 derniers mois.

Et ce sont les plus jeunes qui semblent prendre les choses en main de manière plus radicale. 28% des 18-38 ans ont fermé un compte sur un réseau social contre seulement 15% des 54 ans et plus et 19% des 39-53 ans.

Fuir les réseaux sociaux… mais prêts à être payés pour partager ses données

Pourtant, assez paradoxalement, c’est dans cette même jeune génération si sensible à la protection des données personnelles que l’on trouve le plus de sondés prêts à partager... leurs informations. Plus d’un jeune de 18 à 38 ans sur deux (52%) se dit même disposé à vendre l’historique de ses recherches internet et 41% sont prêts à laisser filer les informations d’une pièce d’identité. Chez les plus âgés, les chiffres tombent respectivement à 37% pour l’historique et 24% pour les informations sur leur identité.

Et si,  malgré quelques réticences, les Français acceptent de partager leurs données, c’est souvent par facilité, souligne le rapport Norton. "Malgré l’envie de mieux protéger leur vie privée et les mesures prises contre les organisations qui gèrent mal les données personnelles, les Français souhaitent que cela soit sans contrainte", note Laurent Heslault, Directeur des Stratégies de Sécurité chez Symantec France, maison-mère de Norton. Ils sont donc prêts à prendre des risques pour des questions de commodité, pour pouvoir utiliser facilement des sites ou services sans avoir à remplir de fastidieux formulaires ou avec des limitations d'usage.

À la découverte des épreuves des génies de la cybersécuritéSource : JT 13h WE

Le confort d’utilisation serait-il alors plus fort que la confiance que l’on veut (doit ?) placer dans la sécurité en ligne ? "Les consommateurs savent que les applications, les réseaux sociaux ou encore les sites internet collectent leurs informations", explique Laurent Heslault. Mais ils ont encore foi en la protection que ceux-ci doivent assurer, sans réellement savoir ce que les entreprises font de leurs données personnelles, devenues une véritable mine d'or pour de nombreux spécialistes du marketing.

Sur ce point, quatre Français sur cinq se disent malgré tout inquiets. Pourtant, ces mêmes sondés sont prêts à fournir des informations personnelles aux entreprises (60%), si possible en les monnayant. Comble du paradoxe, les personnes interrogées estiment que la protection des données est un droit qui devrait être... gratuit et ne sont donc pas disposées à payer pour cela, notamment sur les réseaux sociaux (77%), les sites d’e-commerce (69%) ou les organismes de santé (67%).

*Enquête réalisée en ligne en France par The Harris Poll pour le compte de Norton LifeLock auprès de 1 065 adultes âgés de 18 ans et plus, entre le 9 et le 30 octobre 2018.


Mélinda DAVAN-SOULAS

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