BOULEVERSEMENT – Les vacances d'hiver ont débuté le week-end dernier avec la zone B. Si la montagne a toujours la cote, les destinations lointaines et ensoleillées commencent cependant à lui faire de l’ombre. Un changement d’intérêt qui n’est pas seulement dû à la météo, mais aussi à une nouvelle façon de préparer ses voyages sur internet. Explications.
Depuis le week-end dernier, les premiers vacanciers de l'hiver, ceux de la zone B, prennent d’assaut la montagne … mais pas seulement ! C’est ce qui ressort d’une étude de Google France et du voyagiste TUI France publiée mi-janvier sur les nouvelles tendances de voyage. Si le ski reste prédominant, la mer, le soleil et les destinations lointaines (Afrique du Nord, Asie, Caraïbes...) ont en effet le vent en poupe pour les vacances de février et de Pâques (+5 % pour les destinations lointaines et mer, -3% pour la montagne).
Et la peur de l'absence de neige n’est pas la seule fautive. Portées par les réseaux sociaux et de nouveaux modes de consommation, les habitudes des internautes évoluent. Leurs attentes –et exigences- aussi. Oublié le temps où il fallait éplucher les catalogues des voyagistes pour trouver son séjour idéal ou naviguer sur internet en quête de l’offre de dernière minute à bon prix. Désormais, chacun se laisse guider selon ses envies et veut voyager comme il l’entend. Afin de mieux comprendre ce nouveau "vacancier 2.0" et ses motivations, Google a a analysé entre fin août 2018 et mi-janvier 2019 les données sur son moteur autour des mots-clés relatifs à la préparation et à la recherche de vacances.
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La vidéo pour mieux préparer son voyage
"On note un essor de la vidéo dans la recherche", explique Caroline Bouffault, directrice du département voyage chez Google France. Le service YouTube voit ainsi se multiplier les recherches de vidéos autour d’une destination, d’un club de vacances, des conseils de circuit à faire (x 1,5 entre 2017 et 2018). Une véritable source d’information dans la préparation du voyage qui explique aussi le boom des influenceurs voyage.
Mais les futurs vacanciers sont également en quête de vidéos plus spécifiques pour asseoir leur choix. Les sites mettant en avant les webcams des stations ou bien les conditions météo ont par exemple fait un bon de 53% en un an. On veut tout savoir, tout voir, avant même d’être parti et cela impacte aussi le choix des activités sur place. Ne pas avoir de site internet et/ou de vidéos à présenter pour valoriser son produit, ne pas être présent sur les réseaux sociaux tend à devenir un handicap pour se démarquer.
Les nouveaux outils de préparation de vacances repérés par #Google : YouTube, les webcams et la recherche... “Meilleure destination”. Impact évident des sujets météo dans les JT sur le choix des destinations ☀️ et ❄️ (enneigement, ouragan...) pic.twitter.com/UoKnVwYhp9 — Melinda Davan-Soulas (@Melinda_DS) 17 janvier 2019
Et la vidéo, ce n’est pas seulement celle de YouTube. "Dès qu’une station de ski ou une destination a le droit à une couverture médiatique, un passage dans un JT de 20h pour X raison, que ce soit de fortes chutes de neiges, un ensoleillement maximal, un côté ‘tendance’, etc., cela a un effet immédiat dans les recherches", souligne Caroline Bouffault.
On note ainsi qu’Oman bénéficie d’une cote d’amour dans les recherches, multipliées par trois depuis 2015 après de nombreux sujets à la télévision, "même si cela reste une destination de niche", reconnaît Serge Laurens, directeur marketing expérience client chez TUI. De son côté, les Arcs est devenue l'une des stations les plus recherchées depuis août dernier. Il faut dire que l’hiver dernier, elle avait fait beaucoup parler d’elle dans les médias et est restée dans les esprits pour les vacances hivernales suivantes (+38 % de recherches en un an).
Partir, revenir... mais quand on veut
Autre enseignement : "La recherche de séjour ne se fait plus du samedi au samedi. Les gens veulent être bien plus libres", note-t-on du côté de Google. Les recherches se tournent de plus en plus vers des séjours du dimanche au dimanche ou en mid-week (lundi-jeudi ou jeudi-dimanche). Et les usages digitaux comme les habitudes évoluent énormément. "Il faut sortir de l’idée préconçue que les gens viennent sur Internet pour réserver en dernière minute", explique Serge Laurens.
Et de fait, si Google a analysé les recherches effectués entre août et janvier, le géant américain a cependant noté que les internautes préparaient alors aussi bien leurs vacances pour février-mars que pour… juillet prochain ! Alors les voyagistes doivent aussi modifier leur façon de procéder, reconnait TUI France. Les offres "dernière minute" intéressantes sont de plus en plus décalées dans le temps façon "Early Birds" pour récompenser les acheteurs qui s’y prennent très en amont, avec d’énormes remises. "On remarque qu’il y a en général un délai de deux mois entre le début des recherches de vacances et l’achat réel", ajoute Serge Laurens.
Les internautes veulent partir d’où ils veulent quand ils veulent et aussi longtemps qu’ils veulent. Donc les voyagistes comme TUI doivent de plus en plus adapter leurs offres. @google #hiver #vacances pic.twitter.com/1IaDxprTUX — Melinda Davan-Soulas (@Melinda_DS) 17 janvier 2019
Face à cette nouvelle donne, les voyagistes ont depuis longtemps compris le rôle prépondérant de Google dans le parcours d’achat du voyageur et adaptent leur proposition avec de plus en plus de vidéos des lieux de villégiature, des attraits pour les destinations qui ont le vent en poupe selon le moteur de recherche, mais aussi les formats de vacances qui font mouche (3, 5 ou 7 jours voire plus).