10.000 personnes bloquées par la Grèce : la Turquie ouvre aux migrants sa frontière avec l'Europe

Publié le 1 mars 2020 à 12h14

Source : JT 20h WE

CRISE - Des milliers de migrants affluent dimanche vers la Grèce, après l'annonce par la Turquie de l'ouverture de ses frontières. Une décision prise pour tenter d'obtenir un appui occidental en Syrie, où Ankara affronte le régime de Damas.

Une ouverture des frontières avec l'Europe s'il n'obtient pas un soutien dans son bras de fer avec la Russie : voici la menace agitée ces derniers jours par Recep Tayyip Erdogan. Le président turc est visiblement passé des paroles aux actes : des milliers de migrants se bousculant à la frontière grecque. Environ 10.000 personnes ont été bloquées en 24h, a assuré ce dimanche Athènes.

De samedi matin à 06h00 à la même heure dimanche matin, "9.972 entrées illégales ont été empêchées dans la région d'Evros", le long des 212 km de frontière terrestre avec la Turquie, ont indiqué les autorités grecques dans un communiqué de presse. Et de préciser que "personne ne venait d'Idlib (dans le nord-ouest de la Syrie, où une catastrophe humanitaire est en cours), la plupart venaient d'Afghanistan, du Pakistan et de Somalie". 

Samedi soir, l'ONU avait chiffré à au moins 13.000 le nombre de migrants massés long des 200 km de frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie. C'est là que des migrants ont découpé des trous dans la clôture pour pénétrer, mais ont été repoussés par des grenades lacrymogènes tirés par les policiers grecs. L'agence européenne de contrôle des frontières Frontex a quant à elle déployé des renforts et relevé son niveau d'alerte à la frontière gréco-turque.

Que Vladimir Poutine s'"ôte du chemin" de la Turquie

Déjà instable, la situation pourrait s'aggraver : Ankara a affirmé dimanche que plus de 76.000 migrants avait quitté la Turquie par la province turque d'Edirne (nord-ouest) depuis vendredi. Si ce chiffre s'avère invérifiable et semble surévalué par rapport à la réalité observée sur le terrain par plusieurs journalistes, il témoigne de la stratégie mise en place par la Turquie. Le pays a en effet décidé d'ouvrir ses frontières pour obtenir un soutien occidental en Syrie, où son armée essuie de lourdes pertes.

 

Jeudi, au moins 33 militaires sont morts dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime syrien dans la région d'Idleb (nord-ouest de la Syrie). Les Turcs ont riposté, tuant 45 combattants syriens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Cette poussée de fièvre risque d'aggraver la situation humanitaire déjà critique à Idleb, où près d'un million de personnes ont été déplacées ces derniers mois par l'offensive qu'y mène depuis décembre Damas. C'est là qu'une offensive a d'ailleurs débuté ce dimanche : orchestrée par la Turquie, l'opération "Bouclier du Printemps" est une réponse aux attaques de ces derniers jours.

Ankara a ajouté que la Turquie "ni l'intention, ni l'envie d'entrer dans une confrontation avec la Russie", qui soutient le régime de Bachar al-Assad, tout en soulignant que la Turquie attendait de Moscou qu'il fasse pression sur Damas pour qu'il "stoppe ses attaques". Samedi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait sommé son homologue russe Vladimir Poutine de s'"ôter du chemin" de la Turquie en Syrie et assuré que le régime de Damas allait "payer le prix" de ses attaques.


La rédaction de TF1info

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