300.000 hommes, 36.000 véhicules, 1000 avions... La démonstration de force de la Russie de Poutine

Publié le 11 septembre 2018 à 18h04
300.000 hommes, 36.000 véhicules, 1000 avions... La démonstration de force de la Russie de Poutine
Source : OLGA MALTSEVA / AFP

GUERRE FROIDE - Durant une semaine, l'armée russe déploie sa toute puissance en Sibérie. Des manœuvres militaires mais aussi diplomatiques... Explications.

La Russie affiche ses muscles. Depuis ce mardi et durant une semaine, la plus vaste manœuvre militaire de l'histoire du pays a débuté dans l'est du pays, en Sibérie. Les chiffres donnent le tournis : près de 300.000 hommes, 36.000 véhicules, 1000 avions et 80 navires, mais aussi des soldats mongols et chinois. Une démonstration de force, baptisée "Vostok-2018" (Est-2018), qui ne doit rien au hasard.

"Vostok-2018 a démarré", a indiqué mardi le ministère de la Défense dans un communiqué, accompagné d'une vidéo montrant des véhicules blindés, des hélicoptères ou encore des avions en mouvement. Si la journée de mardi doit être consacrée au déploiement des troupes, mercredi verra la tenue d'exercices de lutte antiaérienne tandis que "le principal évènement" sera jeudi, a assuré le ministère de la Défense. Un "événement" secret, a précisé ce dernier. 

Contexte de tensions persistantes avec les Occidentaux

"Imaginez 36.000 engins militaires se déplaçant en même temps : des chars, des blindés de transport de troupes, des véhicules de combat d'infanterie. Et tout cela, bien sûr, dans des conditions aussi proches d'une situation de combat que possible", s'était enthousiasmé fin août le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. Tout le répertoire moderne de l'armée russe sera de la partie : des missiles Iskander, capables de transporter des ogives nucléaires, des tanks T-80 et T-90 ou les récents avions de combats Su-34 et Su-35. En mer, la flotte russe déploiera plusieurs frégates équipées de missiles Kalibr, qui ont fait leurs preuves en Syrie.

Sans surprise, Vladimir Poutine devrait assister aux manœuvres. C'est en effet sous l'impulsion du maître du Kremlin que ce grand raout militaire se déroule. Sous couvert de nécessité militaire, l'enjeu est aussi diplomatique puisque Vostok-2018 intervient dans un contexte de tensions persistantes avec les Occidentaux. Entre crise ukrainienne, conflit en Syrie et innombrables accusations d'ingérence dans la politique occidentale, cette démonstration de force permet à la Russie qu'elle n'est pas isolée sur la scène internationale. Mis en avant par Moscou, la participation chinoise est en réalité assez modeste, avec 3200 soldats engagés et une trentaine d'avions ou d'hélicoptères déployés.

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En outre, ces manœuvres s'inscrivent dans une continuité. Depuis 2014 et la grave dégradation des relations entre Moscou et l'Occident, la Russie a en effet multiplié les exercices militaires d'ampleur, du Caucase à la Baltique et jusqu'en Arctique. Et ce, tout en dénonçant l'expansion à ses frontières de l'Otan, menace fondamentale pour sa sécurité selon la nouvelle doctrine militaire russe adoptée la même année. Les manœuvres russes en Extrême Orient ont par ailleurs été précédées par des exercices en Méditerranée auxquels ont pris part plus de 25 navires et une trentaine d'avions, dans un contexte de renforcement de la présence russe au large de la Syrie où elle intervient militairement depuis 2015. Preuve que ce déploiement a déjà suscité l'effet escompté, l'Otan a réagi ce mardi  : "Cela s'inscrit dans une tendance que nous voyons depuis un moment : une Russie plus sûre d'elle, qui augmente significativement son budget de Défense et sa présence militaire."


Thomas GUIEN

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