Affaire Kavanaugh : le témoignage glaçant de Christine Blasey Ford, la femme qui fait trembler la Maison Blanche

par Amandine REBOURG Amandine Rebourg
Publié le 27 septembre 2018 à 18h01, mis à jour le 28 septembre 2018 à 1h05
Affaire Kavanaugh : le témoignage glaçant de Christine Blasey Ford, la femme qui fait trembler la Maison Blanche

ETATS-UNIS - Son témoignage ce jeudi à Washington devant le Sénat, peut sérieusement ébranler la candidature de Brett Kavanaugh à la Cour Suprême. Cette universitaire a accepté de témoigner devant la Commission judiciaire du Sénat. Le juge Kavanaugh qui doit être entendu par la suite, nie catégoriquement ces accusations.

Elles sont trois à accuser Brett Kavanaugh, le candidat de la Maison Blanche à la Cour suprême, à avoir eu des comportements sexuels inappropriés. L'une d'entre elles, Christine Blasey Ford, témoigne ce jeudi, devant la commission judiciaire du Sénat américain, à Washington. Cette universitaire âgée de 51 ans est une enseignante en psychologie à Palo Alto, en Californie. 

Jusque-là, nous ne connaissions que son nom, et quelques rares photos d'elle. Ce jeudi, elle s'est présentée devant les sénateurs, dans un ensemble bleu marine, le visage barré par de larges lunettes de vues et les cheveux sagement ordonnés. Tout ce qu'elle a déclaré sera, dans la foulée, soumis à Brett Kavanaugh, entendu lui aussi devant cette commission. 

J'ai cru que Brett allait accidentellement me tuer"
Christine Blasey Ford, devant les sénateurs

Devant les représentants du Sénat, elle a raconté que Brett Kavanaugh l'aurait maintenue de force sur un lit et tenté de la déshabiller, l'empêchant de crier. "Il y avait quatre garçons", dont Brett Kavanaugh et son ami Mark Judge, a affirmé celle qui est devenue une enseignante-chercheuse de haut vol. Tous deux étaient "visiblement ivres". Lorsqu'elle est montée aux toilettes, "on m'a poussée par derrière dans une chambre". "Nous ne nous connaissions pas très bien, mais je le connaissais et il me connaissait", a expliqué l'ancienne élève du lycée de Bethesda. "Brett et Mark sont rentrés dans la chambre et ont fermé la porte derrière eux", poursuit-elle. On l'a poussée sur le lit puis "Brett s'est mis sur moi", tentant de la déshabiller tout en la touchant partout sur le corps. "Il avait du mal parce qu'il était tellement ivre", a-t-elle dit. Lorsqu'elle a tenté de crier, Brett Kavanaugh a voulu l'en empêcher en plaçant sa main sur la bouche. "C'est ce qui m'a le plus terrifiée et ce qui a eu l'impact le plus durable sur ma vie", a-t-elle confié. "J'avais du mal à respirer et j'ai cru que Brett allait accidentellement me tuer", témoigne-t-elle. 

Elle indique avoir finalement pu se dégager de son étreinte et quitter la pièce. "Je me souviens avoir été dans la rue et avoir ressenti un immense sentiment de soulagement après avoir réussi à m'échapper et que Brett et Mark ne m'ait pas poursuivie dans la rue", a-t-elle ensuite déclaré. 

A l'époque, elle avait 15 ans, et Kavanaugh, deux de plus. Cette agression, elle l'a gardé secrète durant de longues années. "Elle  a radicalement changé ma vie, confie celle qui est devenue une brillante enseignante-chercheuse à l’université de Palo Alto en Californie. Pendant très longtemps, j'ai eu trop peur et honte de raconter à quiconque les détails. Je ne voulais pas dire à mes parents que, à 15 ans, j'étais dans une maison sans parents, à boire de la bière avec des garçons. J'ai essayé de me convaincre que parce que Brett ne m'avait pas violée, je devrais pouvoir avancer et prétendre que cela ne s'était jamais produit". 

Puis, des années plus tard, lors d'une séance de thérapie de couple, elle a pu mettre des mots sur ce qu'elle avait subi. "Nous avions, avec mon mari, entrepris de rénover notre maison, j'ai insisté pour avoir une seconde porte d'entré. Une idée incompréhensible par mes proches. En expliquant pourquoi, j'ai voulu cette porte, j'ai décrit l'agression en détails, en donnant le nom de cet homme", a expliqué cette femme, la voix parfois embuée de larmes. 

Interrogée par les sénateurs ce jeudi qui cherchaient à savoir si elle avait pu se tromper sur l'identité de son agresseur, elle a répondu : "absolument pas". Elle s'est dite certaine, "de la même façon que je suis sûre de vous parler maintenant", répondant à la sénatrice démocrate Dianne Feinstein. 

Le 6 juillet dernier, elle a décidé d'informer les parlementaires et le Washington Post, avant l'annonce officielle de la nomination de Brett Kavanaugh. A l'époque, elle n'était qu'une illustre inconnue mais après des fuites dans la presse, elle est sortie de l'anonymat. Depuis, "ma famille et moi avons été la cible d'un harcèlement constant et de menaces de mort", a-t-elle dit aux sénateurs. Elle explique avoir dû déménager depuis la publication de son témoignage. "Ma famille et moi avons du vivre dans diverses résidences surveillées. La semaine dernière, mon email a été hacké et des messages disant que je me rétractais dans mes déclarations ont été expédiés", a-t-elle détaillé. 


Amandine REBOURG Amandine Rebourg

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