Afghanistan : comment les talibans ont progressé jusqu'à Kaboul

Thibault Nadal
Publié le 15 août 2021 à 18h49

Source : TF1 Info

CHRONOLOGIE - Ce dimanche 15 août pourrait sonner le glas de l’offensive éclair qui a amené les talibans à prendre le contrôle de la quasi-totalité du pays. Vingt ans après l'intervention militaire américaine, la capitale Kaboul est sur le point de retomber dans leurs mains, des négociations sont en cours pour une "transition pacifique du pouvoir."

Ce dimanche 15 août fera date dans l'histoire de l'Afghanistan. Vingt ans après avoir été poussé à quitter le pays, les talibans sont sur le point de le récupérer. Intégralement. Le début de la fin est survenu dans la nuit de samedi à dimanche, quand les talibans ont pris le contrôle de Jalalabad. Dans cette ville située à 150 km de la capitale, "les drapeaux blancs des Talibans sont partout en ville. Ils sont dans la ville. Ils sont entrés sans combattre", a raconté un habitant de Jalalabad. À ce moment-là, le gouvernement ne contrôlait plus que Kaboul et quelques villes mineures dans le pays.

Quelques heures après la prise de "J'bad", les talibans font route vers Kaboul, libèrent au passage 5000 de leurs camarades emprisonnés sur l'ancienne base militaire américaine de Bagram, et des premiers combattants sont vus dans les faubourgs Est de la capitale afghane selon les habitants de la ville. Très rapidement, les rebelles ont reçu l'ordre de faire demi-tour. "L’Émirat islamique ordonne à toutes ses forces d'attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d'entrer dans la ville", a affirmé sur Twitter Zabihullah Mujahid, un porte-parole du mouvement islamiste. Quelques heures plus tard, toujours sur Twitter, ce même officiel taliban annonce que ses hommes "peuvent désormais entrer dans certaines parties de Kaboul et occuper des avant-postes évacués par les forces de sécurité afin d'empêcher le pillage et le chaos".

Selon Victoria Fontan, vice-présidente de l'université américaine de Kaboul, les insurgés islamistes sont en effet déjà entrés dans Kaboul, "dès midi dans l'arrondissement numéro six de la capitale". Sur LCI, elle confirme avoir entendu des tirs, que les talibans sont "en combat actif" et décrit la panique qui s'est emparée de la capitale afghane.

Les talibans veulent "un transfert pacifique du pouvoir"

Depuis que l'étau s'est resserré sur la capitale, des négociations ont été entamées entre les talibans et le gouvernement pour tenter de trouver une solution pacifique au conflit. "Dans les jours à venir, nous voulons un transfert pacifique" du pouvoir, a déclaré Suhail Shaheen, un porte-parole basé au Qatar dans le cadre d'un groupe engagé dans les négociations. 

Une volonté partagée par le gouvernement  : "Il y aura un transfert pacifique du pouvoir vers un gouvernement de transition", a déclaré Abdul Sattar Mirzakwal dans un message vidéo, avant d'ajouter que "les Afghans ne doivent pas s'inquiéter (...) Il n'y aura pas d'attaque sur la ville (de Kaboul)." Reste que la perspective de vivre sous le joug des talibans qui étaient au pouvoir de 1996 à 2001 fait redouter le pire aux Afghans. Face à l'ampleur de la crise, plusieurs sources dont l'ancien vice-président Abdullah Abdullah indiquent même que le président Ashraf Ghani a quitté le pays. L'ancien président en fonction Hamid Karzai, toujours à Kaboul, a indiqué peu après se charger de la transition aux côtés d'Abdullah Abdullah.

Depuis mai et l'annonce du retrait progressif des troupes de l’Otan et des États-Unis, les talibans mènent une attaque éclair sur l'Afghanistan. Cette avancée s’est faite sans rencontrer de grande résistance. Elle s’est accélérée ces dix derniers jours et désormais les talibans sont sur le point de reprendre l'Afghanistan vingt ans après l'avoir perdu. C'est dans ce climat de délitement que les gouvernements occidentaux organisent à la hâte l'évacuation de leurs diplomates et les citoyens. Les Washington compte avoir quitté les lieux d'ici à mardi quand Paris a annoncé des renforts militaires aux Émirats arabes unis (EAU) pour faciliter l'évacuation de ses ressortissants, après avoir déplacé son ambassade à l'aéroport de Kaboul.


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