Le talc que nous utilisons pourrait contribuer au financement des talibans et de Daech

par David DOUIEB
Publié le 4 octobre 2016 à 13h46
Le talc que nous utilisons pourrait contribuer au financement des talibans et de Daech
Source : ERIC CABANIS / AFP

ROCHES BLANCHES - Selon une enquête du "Monde", l’exploitation du talc en Afghanistan permet de financer les talibans et les djihadistes de Daech tout en alimentant la corruption.

Il sert autant aux bébés qu’aux fabricants de cosmétiques. Mais en Afghanistan, le talc a aussi d’autres vertus. Selon une enquête menée par Le Monde, cette espèce minérale est au cœur d’un vaste système de corruption qui permettrait, en outre, de financer l’insurrection des talibans et des djihadistes de l’Etat islamique. 

Pour étayer ses affirmations, Le Monde prend l'exemple de la joint-venture IMI Omar Private Limited qui possède une usine de tri et de concassage de talc à Karachi. Cette dernière concasse les roches blanches avant d’exporter une partie de la poudre obtenue sur le Vieux Continent. Selon les informations du quotidien, IMI Omar Private Limited a versé une somme fixe par chargement de camion au gouverneur de la province de Nangarhar - de 2012 à octobre 2016 - contre l’obtention de licences d’exploitation de mines de talc dans la région. Licences qui prévoyaient l’extraction de 100.000 tonnes de talc, mais en réalité un million de tonnes auraient déjà été extraites. 

Trafic juteux

Organisé avec la bénédiction de fonctionnaires - moyennant  pots-de-vin -, ce trafic est très profitable pour les insurgés. "Les talibans vont parfois visiter les mines, ils essaient d’améliorer les procédés d’extraction", ironise un fonctionnaire du ministère des Ressources minières et pétrolières, cité par Le Monde. Et de souligner les difficultés à administrer cette zone contrôlée en partie par les insurgés. "Les seuls à garder la haute main sur l’extraction sont des entreprises pakistanaises et leurs intermédiaires afghans. Et il y a beaucoup d’autres entreprises que le groupe Omar", précise-t-il. C’est lorsque le talc transite entre l’Afghanistan et le Pakistan que les insurgés collectent leur taxe. 

De quoi enrichir "les talibans et l’Etat islamique dans la région", assure le fonctionnaire. Selon un rapport confidentiel d’une organisation internationale afghane (consulté par Le Monde), les taxes sur le talc permettraient de rapporter près de 22 millions de dollars par an aux talibans.


David DOUIEB

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