Qui est Abdul Ghani Baradar, co-fondateur et numéro 2 des talibans, de retour en Afghanistan ?

Publié le 18 août 2021 à 17h43, mis à jour le 18 août 2021 à 18h12

Source : JT 13h Semaine

PARCOURS - Après avoir été emprisonné au Pakistan jusqu'en 2018 et dirigé le mouvement depuis le Qatar, le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur des talibans dans les années 1990, est de retour à Kaboul. Portrait.

Un signe fort de la victoire des talibans. Pour la première fois depuis que les fondamentaux islamistes ont été chassés du pouvoir en 2001, Abdul Ghani Baradar, un très haut dirigeant en activité, est rentré publiquement en Afghanistan. Le co-fondateur et numéro 2 du mouvement a en effet atterri ce mardi à l'aéroport de Kandahar, dans le sud du pays, capitale des talibans quand ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001. Jusqu'alors, le mollah Baradar se trouvait au Qatar où il dirigeait le bureau politique du mouvement.

L'homme de 52 ans avait fondé le mouvement au début des années 1990 avec le mollah Omar, décédé en 2013 mais dont la mort a été cachée pendant deux ans. Il a grandi dans la province de Kandahar, berceau des talibans, et est un pachtoune originaire de la tribu Popalzaï, comme l'ancien chef d'Etat afghan Hamid Karzai. Comme pour nombre d'Afghans, sa vie a été marquée par l'invasion soviétique en 1979 qui en a fait un moujahid, et il aurait combattu aux côtés du mollah Omar. 

En 2001, après l'intervention américaine et la chute du régime taliban, il a fui au Pakistan. Il aurait fait partie d'un petit groupe d'insurgés prêts à un accord dans lequel ils reconnaissaient l'administration de Kaboul ; une initiative qui lui vaut d'être arrêté par les Pakistanais - qui soutenaient les talibans - en 2009. Il a été libéré en 2018, sous la pression de Washington. 

Écouté et respecté des différentes factions talibanes, il a ensuite été nommé chef de leur bureau politique, situé au Qatar. De là, en 2020, il a conduit les négociations avec les Américains menant au retrait des forces étrangères d'Afghanistan, puis aux pourparlers de paix avec le gouvernement afghan, qui n'ont rien donné.

"Calme" et "diplomate"

Ceux qui l'ont rencontré disent qu'il est "très calme", "très diplomate et ne parle que de ce qui est important. Même avant sa capture, il était connu comme une figure jouissant d’un grand respect chez les talibans", raconte à Gandhara le journaliste Sami Yousaifzai qui l’a rencontré plusieurs fois. "Il est réputé pour être relativement doux, assez poli. Il n’est pas farouche comme d’autres", a expliqué au Parisien Karim Pakzad, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Afghanistan. "C’est un pragmatique, il veut le pouvoir", ajoute-t-il.


La rédaction de TF1info

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