Alexeï Navalny a été empoisonné, assure l'Allemagne, qui demande des comptes à la Russie

Publié le 24 août 2020 à 20h35, mis à jour le 25 août 2020 à 17h49
Alexeï Navalny lors de son transport de Sibérie vers l'Allemagne. Ses proches soupçonnent un empoisonnement, une thèse qui semble de moins en moins improbable.
Alexeï Navalny lors de son transport de Sibérie vers l'Allemagne. Ses proches soupçonnent un empoisonnement, une thèse qui semble de moins en moins improbable. - Source : John MACDOUGALL / AFP

DIPLOMATIE - Après la publication des résultats des examens conduits sur Alexeï Navalny, l'Allemagne a sommé la Russie de "résoudre cette affaire".

"Il s'agit d'un patient qui, de manière assez probable a été victime d'une attaque au poison". Le porte-parole du cabinet de la chancelière allemande, Steffen Seibert, a expliqué à la presse qu'Alexeï Navalny avait probablement fait l'objet d'une agression intentionnelle. L'intervenant a ajouté que "le soupçon ne porte pas sur le fait que M. Navalny se soit empoisonné lui-même mais que quelqu'un a empoisonné M. Navalny et le gouvernement allemand prend ce soupçon très au sérieux". 

L'hôpital berlinois de la Charité a communiqué par la suite les résultats des analyses médicales du quadragénaire hospitalisé, dans l'après-midi du lundi 24 août, confirmant des "traces d'empoisonnement" et une "intoxication par une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase". Une nouvelle analyse "de grande envergure a été lancée" pour permettre d'identifier le poison. "L'issue de la maladie reste incertaine" et des séquelles à long terme, "en particulier dans le domaine du système nerveux, ne peuvent être exclues à ce stade", ajoute l'établissement berlinois, un des plus réputés au monde.

De quoi porter l'Allemagne à accroître a pression sur "les autorités" russes, les exhortant "de manière urgente à résoudre cette affaire jusque dans les moindres détails et en pleine transparence".

"Sa vie n'est pas en danger"

Examiné "de manière approfondie", Alexeï Navalny, 44 ans, "se trouve dans une unité de soins intensifs et il est toujours dans un coma artificiel", précise l'hôpital, "son état de santé est grave, mais sa vie n'est pas en danger".

Les médecins russes qui l'ont pris en charge en Sibérie jusqu'à samedi assuraient eux ne pas avoir trouvé de trace d'empoisonnement. Lundi 24 août, ils ont assuré ne pas avoir trouvé lors de leurs tests de cholinestérase dans l'organisme de l'opposant. "Lors de son admission à l'hôpital, Alexeï Navalny a fait l'objet de tests sur un large éventail de stupéfiants, substances synthétiques, psychodésiques et médicinales, y compris les inhibiteurs de la cholinestérase. Les résultats ont été négatifs", a déclaré aux agences russes Alexandre Sabaïev, toxicologue en chef de l'hôpital des urgences n°1 d'Omsk, où était hospitalisé Alexeï Navalny avant son transfert en Allemagne, où ce dernier bénéficie d'un important dispositif de sécurité.

Un bras de fer avec les médecins

Principal et ancien opposant au Kremlin, dont les publications dénonçant la corruption des élites russes sont largement relayées sur les réseaux sociaux, Alexeï Navalny, 44 ans, a été transféré samedi 22 août de Sibérie à Berlin. Il a pu quitter l'hôpital d'Omsk où il était hospitalisé au terme d'une journée de bras de fer entre ses proches et les médecins. Alors qu'ils jugeaient l'état de la victime  trop "instable", ils ont finalement donné leur feu vert. Ce lundi, ils se sont par ailleurs défendu d'avoir subi de quelconques pressions extérieures ou politiques. "Avec de grands efforts, nous lui avons sauvé la vie", avait même assuré Alexandre Mourakhovski, le médecin en chef de l'hôpital d'Omsk.

Dans l'histoire récente de la Russie, deux tentatives d'empoisonnement avaient déjà été particulièrement médiatisées. Il s'agissait à ce moment de deux ex-agents secrets russes tués à Londres en 2006 et 2018. Alexeï Navalny avait déjà lui-même fait l'objet d'agressions physiques, en 2017 notamment. 


Maxence GEVIN

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