Allemagne : Facebook traîné en justice par le réfugié syrien célèbre pour son selfie avec Merkel

Publié le 6 février 2017 à 14h05
Allemagne : Facebook traîné en justice par le réfugié syrien célèbre pour son selfie avec Merkel
Source : Facebook Anas Modamani

TRIBUNAL – Connu pour un selfie pris aux côtés d’Angela Merkel à l’été 2015, Anas Modamani assigne Facebook devant la justice allemande ce lundi. Excédé d’être insulté et diffamé sur le réseau social, le jeune réfugié syrien espère faire plier le géant du web.

Excédé, il a choisi de traîner Facebook en justice. Connu pour son selfie pris à l’été 2015 aux côtés d’Angela Merkel, Anas Modamani, réfugié syrien de 19 ans, assigne en effet le réseau social américain devant le tribunal de Wurtzbourg ce lundi pour contraindre le site à censurer les nombreux photomontages le dépeignant comme un terroriste ou un criminel. Car si son selfie avec la chancelière lui a fait connaître son quart d’heure de gloire, il a aussi marqué le début d’un authentique cauchemar. 

Et pour cause : tour à tour, comme nous vous l’expliquions au début du mois de janvier, le jeune a été accusé – à tort – d’être l’un des terroristes ayant frappé Bruxelles le 22 mars 2016, d’être l’auteur d’un attentat suicide à Ansbach le 24 juillet et, enfin, d’avoir agressé et mis le feu à un sans-abri à Berlin le 27 décembre. Partout en Europe, les "anti-migrants" se déchaînent à chaque fois contre lui.

Le réseau social dit avoir fait le nécessaire

Après avoir demandé maintes fois au réseau social de supprimer ces images diffamantes, l’avocat d’Anas Modamani, Me Chan-jo Jun, avait déposé une requête en injonction contre Facebook Ireland Limited, filiale européenne du groupe, auprès de la justice allemande. Le juriste, déjà à l'origine de plusieurs procédures visant l’entreprise californienne et son patron mais qui n’avaient jamais abouti à un procès, estime que les clichés en cause relèvent "de la diffamation" et de la violation du "droit à l'image". 

La principale motivation d'Anas Modamani est que ça s'arrête
Me Chan-jo Jun, avocat du jeune réfugié syrien

"La principale motivation d'Anas Modamani est que ça s'arrête", explique Me Jun, précisant que son client, qui sera présent à l'audience, "rêve d'étudier en Allemagne" et, tout en travaillant dans un fast-food, finit d’apprendre la langue de Goethe. Par la voix de l’un de ses porte-paroles, le groupe américain assure de son côté avoir "rapidement supprimé l'accès au contenu signalé" et "ne voit pas la nécessité d'une action en justice".

L’Allemagne, un terrain miné pour Facebook

Facebook essuie depuis des mois un feu de critiques en Allemagne. Des critiques qui portent à la fois sur la propagation de fausses nouvelles, contre laquelle le réseau vient de s'engager à lutter plus efficacement, et la diffusion de positions racistes, antisémites ou d'appels au meurtre. Complexe, le cas d'Anas Modamani mêle ces deux aspects, sa photo étant détournée pour lui prêter des activités criminelles ce qui entraîne ensuite un déversement de propos haineux.

Preuve que les politiques allemands ont pris la mesure du problème, un haut responsable de la CDU, le parti d'Angela Merkel, avait menacé les réseaux sociaux en octobre dernier d'instaurer un système d'amendes si les contenus signalés n'étaient pas supprimés assez vite. Volker Kauder évoquait alors la somme de 50.000 euros par publication incriminée. Dans la même veine, le ministre de la Justice Heiko Maas, chargé de négocier avec les représentants des réseaux sociaux sur ces questions, a lui aussi dit réfléchir à des sanctions financières. 

Lutter contre les "fake news", un enjeu crucialSource : JT 20h WE
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Alexandre DECROIX

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