Syrie : les Etats-Unis accusés d'avoir bombardé aveuglément des civils à Raqqa

Publié le 5 juin 2018 à 2h00, mis à jour le 5 juin 2018 à 14h36
Syrie : les Etats-Unis accusés d'avoir bombardé aveuglément des civils à Raqqa

SYRIE - L'ONG publie ce mardi une enquête selon laquelle des centaines de civils ont été tués entre juin et octobre 2017 à Raqqa. En cause : les bombes de la coalition menée par les Etats-Unis. L'ONG évoque de possibles crimes de guerre.

Le 14 janvier 2014, le monde découvre avec frayeur que Raqqa, cette ville du nord de l'Irak, devient la "capitale" de Daech. C'est de là que sera proclamé quelques mois plus tard le "califat" qui imposera sa terreur durant trois années. Il faudra en effet attendre octobre 2017 pour qu'elle soit libérée par les Forces démocratiques syriennes (FDS). Une libération synonyme de dévastation, selon Amnesty qui publie ce mardi un rapport calamiteux pour les Etats-Unis.

Dans ce document intitulé la "Guerre d’anéantissement", l'ONG dévoile les contours de l'action américaine qui aurait fait de nombreuses victimes parmi la population civile. C'est en tout cas ce qui ressort de l'enquête menée sur place par Amnesty : l'association s'est rendue sur 42 sites frappés par l'aviation américaine, et a interrogé 112 habitants ayant survécu et perdu des proches. Leur constat ? Des centaines de personnes seraient mortes "pour finalement laisser partir les combattants de l'État islamique". 

Raqqa : comment les djihadistes ont pu quitter la ville ?Source : JT 20h Semaine

"La famille a perdu 18 de ses membres"

Parmi les habitants rencontrés par Amnesty, il y a par exemple la famille Aswad. Des commerçants qui avaient fait le choix de rester dans la ville quand les affrontements entre les djihadistes et les FDS ont débuté. Mais le 28 juin, une frappe de la coalition détruit leur maison, tuant huit personnes, essentiellement des enfants, qui étaient réfugiés dans la cave. Autre exemple, celui de la famille Hashish, endeuillée par les trois protagonistes du conflit : "La famille a perdu 18 de ses membres. Neuf ont été tués par une frappe aérienne de la coalition, sept sont morts en tentant de fuir sur une route minée par l'EI, et deux autres ont été victimes d'un tir de mortier apparemment lancé par les FDS", précise le rapport.

A l'aune de ces éléments, Amnesty demande à la coalition de "reconnaître publiquement l’ampleur et la gravité des pertes civiles et des destructions (…) consécutives aux frappes qu’elle a lancées sur la ville." Une ampleur qui pourrait être constitutive de "crimes de guerre", selon l'ONG, qui précisent que "des preuves solides montrent que les frappes aériennes et les tirs d'artillerie de la coalition ont tué et blessé des milliers de civils, touchés notamment par des attaques disproportionnées ou aveugles qui sont contraires au droit international humanitaire." A ce jour, la coalition a préféré minorer la réalité du conflit. Comme en septembre 2017 quand le général Stephen Townsend - commandant sortant de la coalition - a écrit qu'il n'y avait "jamais eu une campagne aérienne plus précise dans toute l'histoire des conflits armés". 


Thomas GUIEN

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