Argentine : elle pensait avoir retrouvé sa petite-fille enlevée sous la dictature, ce n’était pas elle

par Fanny BONJEAN
Publié le 27 décembre 2015 à 13h21
Argentine : elle pensait avoir retrouvé sa petite-fille enlevée sous la dictature, ce n’était pas elle

DÉCEPTION - Une des Grands-mères de la place de Mai a eu une énorme fausse joie en croyant avoir retrouvé sa petite-fille. L’analyse biologique était erronée.

C'était la belle histoire de Noël : une nonagénaire argentine, Maria « Chicha » Mariani, avait retrouvé sa petite-fille, 39 ans après son enlèvement sous la dictature. Malheureusement ce n’est pas le cas.

L’annonce avait été faite par la Fondation Ahani, créée par Maria Mariani, le 24 décembre dernier, après qu'une jeune femme de 39 ans - dont le nom n'est pas précisé - a apporté des analyses biologiques attestant d'un lien de parenté avec la vieille dame. Or le lendemain la justice argentine a démenti. La jeune femme n’est pas Clara Ahani. Deux autres analyses officielles contestent le lien génétique.

“Les deux résultats concluent à l'absence de parenté entre le profil génétique de la jeune femme et celui de la famille Chicha Mariani, ainsi qu'avec celui des autres familles qui sont toujours à la recherche d'enfants enlevés", a déclaré Pablo Parenti, le responsable de l'agence gouvernementale chargée de rechercher les enfants disparus durant la dictature.

La jeune femme aurait réalisé le test génétique dans une clinique privée sans préciser laquelle.

"Elle souffre"

Le porte-parole de Maria Mariani, aujourd'hui âgée de 92 ans, a reconnu "une erreur de communication de la part de personnes, bien intentionnées, qui aiment beaucoup ‘Chicha’ Mariani". La personne qui a publié le communiqué annonçant la bonne nouvelle "s'est laissée emportée par l'émotion d'une personne qui lui apporté un rapport qui faisait état de résultats positifs", a-t-il ajouté tout en assurant que la recherche "de la mémoire, de la vérité et de la justice" se poursuivait. Maria Mariani est "très triste et elle souffre", a-t-il rapporté.

L'histoire de Clara Anahi est connue notamment grâce aux nombreuses lettres ouvertes que sa grand-mère lui a adressées. "Le plus grand espoir qui me fait avancer est que nous nous retrouvions enfin", écrivait-elle en mars.

500 "bébés volés"

La petite fille, portée disparue le 24 novembre 1976, a été enlevée à l'âge de trois mois par des agents du régime qui venaient de tuer sa mère, une opposante, mariée au fils de Maria Mariani.

Cette dernière, l'une des militantes des droits de l'homme les plus réputées d'Argentine, n'est autre que l'ancienne présidente du mouvement des Grands-mères de la Place de Mai, une organisation fondée en 1977 pour retrouver les enfants d'opposants politiques soustraits par la dictature à la faveur de la répression. Leur nombre est estimé à 500. Jeudi dernier, Clara avait été présentée comme le 120e bébé retrouvé.

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Fanny BONJEAN

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