Argentine : l'Eglise catholique va-t-elle faire échouer l'adoption du droit à l'avortement ?

Publié le 8 août 2018 à 15h44
Argentine : l'Eglise catholique va-t-elle faire échouer l'adoption du droit à l'avortement ?

DROITS - Après l'approbation par les députés, les sénateurs argentins se prononcent mercredi sur le droit à l'avortement. La balance penche vers un rejet du texte, sous la pression de l'Eglise. La veille, le pape, argentin d'origine, a à nouveau comparé l'avortement aux pratiques d'eugénisme des nazis.

La légalisation de l'avortement entre les mains des sénateurs. L'Argentine a le regard tourné ce mercredi vers la chambre haute du Parlement, qui doit se prononcer sur l'IVG. Mais si le projet de loi a été favorablement accueilli par les députés, et porté par un mouvement populaire, un rejet est cette fois-ci attendu. Notamment en raison de l'influence considérable de l'Eglise dans ce pays d'où le pape François est originaire.

Le souverain pontife a d'ailleurs exprimé sa plus ferme opposition sur le sujet. Dernière salve en juin dernier, devant des représentants d'associations familiales. "J'ai entendu dire qu'il est à la mode, ou au moins habituel, de faire au cours des premiers mois de grossesse des examens pour voir si l'enfant ne va pas bien ou s'il naîtra avec quelque chose (un problème, ndlr), le premier choix étant de s'en débarrasser", a déclaré le pape. Avant d'ajouter : "Au siècle dernier, tout le monde était scandalisé par ce que faisaient les nazis pour veiller à la pureté de la race. Aujourd'hui nous faisons la même chose en gants blancs".

"La défense de l'innocent qui n'est pas né doit être claire"

En Argentine, où se pratiquent chaque année près de 500.000 interruptions de grossesse de manière illégale, l'Eglise est également vent debout contre le projet de loi. "La défense de l'innocent qui n'est pas né, par exemple, doit être claire, ferme et passionnée", a déclaré en mai le primat d'Argentine, le cardinal Mario Poli, qui a succédé en 2013 à Jorge Bergoglio quand il a été élu pape.

Des propos qui, au fil des mois, ont semble-t-il pesé dans les esprits. La majorité des sénateurs aurait en effet décidé de s'opposer au projet de loi : la presse argentine estime ce mercredi que 37 des 72 députés ont fait savoir qu'ils voteraient non. Des sénateurs qui sont d'ailleurs généralement plus conservateurs que les députés : ils représentent des régions moins développées que la capitale et la province de Buenos Aires, où les 40% des 41 millions d'habitants sont majoritairement favorables à l'IVG. Certains sénateurs partisans du texte ont reçu des boîtes avec des figurines en forme de foetus à l'intérieur, ou des menaces d'ex-communication.


Thomas GUIEN

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