"Les violences sexuelles sont une question de pouvoir et de privilèges" : la fondatrice de Me Too réagit à l'affaire Argento

Publié le 21 août 2018 à 9h45

Source : JT 13h WE

ETATS-UNIS - La fondatrice du mouvement Me Too, Tarana Burke, a réagi après les accusations d'agression sexuelle visant Asia Argento, une de ses principales voix, alors que nombre de critiques se servent de ces révélations pour relativiser son crédit.

C'est une parole qui pèse, alors qu'Asia Argento est accusée, dans un article du New York Times, d'avoir versé de l'argent au jeune acteur Jeremy Bennett, qui affirmait qu'elle l'avait agressé sexuellement à l'âge de 17 ans. La militante Tarana Burke, fondatrice du mouvement "Me Too" en 2007, a pris la parole sur Twitter pour réagir aux révélations du quotidien, lundi 20 août. 

Les abus sexuels et le pouvoir

"J'ai toujours dit que le mouvement Me Too était fait pour tout le monde, y compris les jeunes hommes courageux qui aujourd'hui prennent la parole", commence-t-elle en référence aux révélations. Et de répondre plus longuement aux contempteurs du mouvement Me Too, qui estiment que l'affaire Argento ruine toute sa crédibilité : "Que certaines [des victimes] soient aujourd'hui reliées à de la violence sexuelle continuera de paraître discordant, à moins qu'on ne cesse de considérer les choses individuellement et que nous commencions à parler de pouvoir."

Car pour Tarana Burke, les choses sont claires : "La violence sexuelle est une question de pouvoir et de privilèges. Que celui ou celle qui la perpétue soit votre actrice, votre militante ou votre professeure préférée n'y change rien, quel que soit son genre." Ainsi d'une célèbre actrice et réalisatrice de 37 ans qui abuserait d'un jeune acteur de 17 ans. Penser alors que la question des violences sexuelles ne naît que des rapports de genre est, dit l'activiste, "une narration biaisée" qu'il faut changer, même si les positions dominantes sont aujourd'hui toujours occupées en majorité par des hommes, que ce soit en termes de responsabilité, de représentativité ou de salaires.

"Il n'y a pas qu'une façon d'être un agresseur, ni une seule façon d'être un survivant"

Tarana Burke, victime dans sa jeunesse d'abus sexuels à plusieurs reprises, poursuit : "J'ai l'espoir que de plus en plus de gens continuent à témoigner, particulièrement des hommes, que nous nous préparions à avoir des discussions plus soutenues à propos du pouvoir, de l'humanité, des privilèges et de la souffrance. Ce problème relève moins du crime [perpétré] et de sa punition que de la souffrance [qu'il génère] et de la façon dont celle-ci est relativisée". 

"Il n'y a pas qu'une façon d'être un agresseur, ni une seule façon d'être un survivant. Nous sommes tous des êtres humains imparfaits et nous sommes tous responsables de notre comportement individuel", finit-elle, appelant à lutter pour la crédibilité de "Me Too" : "Certaines personnes utiliseront les récentes informations pour essayer de discréditer ce mouvement. Ne laissez pas ça arriver." Un message qui prend d'autant plus d'ampleur que l'avocat de Harvey Weinstein, au centre de multiples accusations et notamment en provenance d'Asia Argento, n'a pas tardé à se saisir des faits pour tenter de discréditer les plaintes visant son client.


La rédaction de TF1info

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