Bombarder la Syrie ? Pourquoi les options françaises et américaines sont limitées

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Frappes américaines en Syrie
CONFLIT - Les Etats-Unis et la France laissent planer la menace d'une riposte militaire en Syrie, après une nouvelle attaque chimique présumée ce week-end. La marge de manœuvre des occidentaux est cependant étroite, diplomatiquement et sur le terrain.
L'attaque chimique de trop en Syrie ? Alors que les ONG locales avancent un bilan d'au moins 40 morts après l'attaque qui s'est déroulée samedi dans la Ghouta orientale, les spécialistes évoquent l'utilisation possible de chlore, mais aussi de gaz sarin. Un drame qui équivaut au franchissement de la "ligne rouge" des Occidentaux, Etats-Unis et France en tête. Pour les deux pays, une riposte militaire serait même à l'ordre du jour, si l'on en croit le vocabulaire guerrier employé par Washington. Seulement voilà : les obstacles sont nombreux, les alliés se heurtant au Conseil de sécurité de l'ONU et à la complexité du conflit sur le sol syrien.
"C'était atroce", "horrible", a lancé Donald Trump à la Maison-Blanche au sujet de l'attaque présumée de samedi aux "gaz toxiques" contre Douma, dernière poche rebelle aux abords de Damas. "Nous y répondrons avec force", a ajouté plus tard le président américain, promettant une décision lundi soir "ou très bientôt". Son ministre de la Défense Jim Mattis n'a pas exclu des frappes contre le régime syrien. Des frappes évoquées avec Emmanuel Macron ? Pour la deuxième fois en deux jours, le président américain s'est entretenu au téléphone avec son homologue français. Les deux présidents souhaitent "une réaction ferme" de la communauté internationale et vont "rester étroitement en contact", a rapporté l'Elysée, éludant la question des frappes.
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"Seul un monstre peut faire cela"
Il faut dire que la question est sensible. En particulier au Conseil de l'ONU, où la Russie dispose d'un droit de veto face au trio international composé des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France. "Seul un monstre peut faire cela", a martelé lundi l'ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley, et le moment est venu "où le monde doit voir que justice est rendue". "Il n'existe aucun doute sur les auteurs de cette nouvelle attaque", a renchéri l'ambassadeur français François Delattre. Mais ils ont également et durement mis en cause la Russie. "Quand le régime militaire syrien pilonne des civils, il le fait avec l'aide de la Russie", a insisté Nikki Haley, s'attirant les foudres de Moscou. "Nous appelons les Occidentaux à renoncer à la rhétorique guerrière", a répondu à l'ONU l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia, mettant en garde contre de "graves conséquences" en cas d'action armée occidentale.
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, semble quant à lui privilégier l'option diplomatique à d'éventuelles représailles militaires. "La gravité des récentes allégations nécessite une enquête approfondie utilisant une expertise impartiale, indépendante et professionnelle", a-t-il précisé ce mardi. Avant de réaffirmer son soutien total à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et à sa mission d'établissement des faits qui, selon lui, "devrait bénéficier d'un accès total, sans aucune restriction ou entrave à ses activités".
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Des options militaires limitées
Quand bien même les occidentaux passeraient outre ces mises en garde, reste à définir l'ampleur des options militaires. Celles-ci sont en effet limitées. "Les Etats-Unis doivent faire très attention à ne pas frapper des cibles russes ou tuer des conseillers russes, ce qui limite considérablement le nombre de leurs options, car les Russes sont très souvent intégrés aux troupes syriennes", a expliqué à l'AFP Ben Connable, un expert du centre de réflexion Rand. Les bases aériennes de Hmeimim, dans l'ouest de la Syrie, et Tartous, sur la côte, toutes deux contrôlées par l'armée russe, "sont hors de question", ajoute cet ancien Marine spécialiste du Proche-Orient.
Autre option : envoyer des renforts dans le nord de la Syrie pour tenter d'affaiblir le régime de Damas face aux rebelles. Seulement voilà : Trump a fait savoir la semaine dernière qu'il souhaitait retirer les troupes américaines présentes en Syrie dès que possible…
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