Attentat contre une église copte au Caire : les Frères musulmans soupçonnés, le président Sissi dans l'embarras

Publié le 13 décembre 2016 à 17h50
Attentat contre une église copte  au Caire : les Frères musulmans soupçonnés, le président Sissi dans l'embarras
Source : Nariman El-Mofty/AP/SIPA

EGYPTE - Le ministère de l'Intérieur égyptien a accusé lundi les dirigeants des Frères musulmans d'avoir entraîné et financé les auteurs de l'attentat qui a fait 25 morts dans une église du Caire. Un attentat qui met à mal le pouvoir du président Sissi.

L'attaque dans l'église Saint-Pierre et Saint-Paul du Caire, qui a coûté la vie dimanche à 25 fidèles, n'a toujours pas été revendiquée. Mais le ministère de l'Intérieur a d'ores et déjà trouvé un coupable : les Frères musulmans. Quatre suspects ont été arrêtés, soupçonnés d'avoir orchestrés un attentat embarrassant pour l'Egypte.

"L'auteur de l'attentat est Mahmoud Chafiq Mohamed Mostafa, il a 22 ans et il s'est fait exploser à l'aide d'une ceinture explosive", a affirmé en personne le président Sissi lundi, lors des funérailles des victimes. Le jeune homme, identifié grâce à prélèvement ADN, avait été arrêté et remis en liberté en 2014 alors qu'il assurait la sécurité des convois des Frères musulmans. Depuis, il était recherché dans le cadre de deux autres dossiers en lien avec des groupes fondamentalistes musulmans. "Trois hommes et une femme ont été arrêtés et deux autres personnes sont toujours recherchées", a précisé le président égyptien. 

"C'est un coup qui nous a fait mal mais qui ne va pas nous briser"

Parmi eux : un certain Mohab Mostafa el-Sayed Qassem, surnommé "Le Docteur", qui dirigeait le groupe. Il s'était rendu en 2015 au Qatar pour rejoindre les dirigeants des Frères musulmans qui avaient fui l'Egypte. Ces derniers lui auraient offert un soutien logistique et financier pour mener ces attaques terroristes. Des attaques qui ont fait vaciller le pouvoir égyptien : "C'est un coup qui nous a fait mal mais qui ne va pas nous briser", a assuré devant des dignitaires le président Sissi. Ce dernier apparaît comme l'autre "victime" de l'attentat du Caire.

"La revendication politique des islamistes pourrait être de dire qu’on fait payer aux Coptes leur soutien à la destitution des Frères musulmans (en juillet 2013, ndlr)", a expliqué à l'AFP Victor Salama, professeur à la faculté de Sciences politiques de l'université du Caire. Déjà ciblés à plusieurs reprises depuis la destitution par l'armée de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi, les Coptes représentent une cible facile : depuis l'été 2013, au moins 42 églises ont été attaquées, affirme Human Rights Watch. L'ONG accuse les forces de l'ordre d'avoir été absentes lors de ces attaques confessionnelles.

L'attentat contre l'église laisse par ailleurs apparaître les faiblesses de l'appareil répressif tout puissant de l'Etat égyptien. En outre, en visant le gouvernement, l'attaque sert aussi la stratégie des groupes islamistes qui cherchent à compromettre toute opportunité de redresser l'économie et le tourisme. Comme au moment de l'attentat, revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), contre l'avion de la compagnie russe Metrojet en octobre 2015 qui avait fait 224 victimes dans le Sinaï, c'est la capacité de l'Etat à instaurer un climat stable pour le tourisme et l'économie qui est visée.

Visés par l'attentat en Égypte, les Coptes sont la plus grande communauté chrétienne du monde arabeSource : Sujet JT LCI
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La rédaction de TF1info

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