Attentats de Bruxelles : le bouleversant témoignage du père d'une victime

Publié le 27 mars 2016 à 10h59
Attentats de Bruxelles : le bouleversant témoignage du père d'une victime

DEUIL - Michel Visart, journaliste économique à la RTBF, a livré samedi un témoignage poignant. Sa fille Lauriane est morte lors de l'attaque dans le métro à Bruxelles mardi. Un récit bouleversant.

C'est un témoignage émouvant, bouleversant. Michel Visart est journaliste économique à la RTBF. Samedi soir, c'est en tant que père d'une victime des attentats de Bruxelles qu'il a témoigné sur le plateau du journal de la chaîne publique francophone . Sa fille Lauriane est décédée dans le métro mardi.

"C'est aux environs de 10h15-10h30 qu'à la maison on a reçu un appel téléphonique de son bureau au centre-ville de Bruxelles pour dire : 'Lauriane n'est pas arrivée, on est inquiet. Avez-vous des nouvelles ?' A ce moment-là, on a commencé à essayer de téléphoner, puis lui envoyer un sms en disant : 'Il n'y a pas le téléphone, mais envoie-nous un sms pour nous rassurer'. Et puis au fil des heures, le temps passe, on n'a pas de réponse, l'angoisse augmente et on a de plus en plus peur. Et on se dit que peut-être, hélas, c'était sa ligne de métro."

"C'est une souffrance qu'on ne peut pas décrire"

La jeune femme empruntait le métro et passait par la station Maelbeek tous les jours. Avec une incroyable dignité, Michel Visart a raconté l'attente insoutenable. "C'est une souffrance qu'on ne peut pas décrire et que, j'imagine, je partage, chacun à sa manière, avec toutes les autres familles qui ont vécu ça. D'ailleurs, je dis qu'elles soient à Bruxelles, à Paris ou ailleurs, il y a les attentats de Tunis et autre. C'est quelque chose qui est indescriptible. Ce qui est très dur, c'est l'attente passant, l'espoir diminue mais il est toujours là. Et ça dure. Et Tant qu'on n'est pas prévenu, il y a ce petit quelque chose qui fait qu'il y a toujours ce petit espoir qui est là, donc c'est une angoisse permanente et une situation qui est très difficile à gérer."

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"Depuis un certain temps, je n'avais plus d'espoir de retrouver notre fille vivante". Michel Visart a finalement eu la confirmation de son décès vendredi. "Ce n'est pas un soulagement quand on l'apprend, on craque. J'imagine que tout le monde craque à ce moment-là. Mais après, c'est un soulagement de savoir ce qu'il s'est passé."

"On doit bien ça à toutes les Lauriane du monde"

Michel Visart a tenu à remercier et à saluer le travail des bénévoles et des secouristes. "J'ai énormément d'admiration pour les bénévoles de la Croix-Rouge, comme les personnes du service d'identification pour l'humanité, le professionnalisme avec lequel ils font ça. Nous avons été accompagnés à chaque moment avec un tact incroyable et je tiens vraiment à leur rendre hommage. Dans une épreuve terrible, ils nous ont vraiment aidés très fort."

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L'homme, qui dit ne pas être en colère, a terminé son interview par un message d'amour et a appelé à la tolérance. "Lauriane était une juriste très intègre et avait des valeurs extrêmement fortes, qu'elle défendait avec beaucoup de caractère et d'acharnement, comme la justice, l'équité, l'égalité entre les sexes et la tolérance. Je ne suis pas naïf, je sais que la sécurité est totalement indispensable. Mais je pense que construire des murs, des exclusions ou cultiver la haine, c'est aller dans le mur. Bien sûr, il faut plus de sécurité, mais pour le futur, si on veut un monde différent, il faut ce respect, cette tolérance et de l'amour. C'est comme ça qu'on pourra demain faire un autre monde. On doit bien ça à toutes les Lauriane du monde entier."

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La rédaction de TF1info

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