Au cœur de la tourmente, Facebook cumule tout de même 9 milliards de profits au troisième trimestre

ML (avec AFP)
Publié le 26 octobre 2021 à 9h02

Source : Sujet TF1 Info

SOLIDITÉ - Éclaboussé par plusieurs scandales, critiqué dans sa modération de la haine en ligne, des contenus extrémistes et toxiques, le groupe américain maintient pourtant son rythme de croissance et rassure encore ses investisseurs.

Si les révélations et les affaires en cascade ont écorné la réputation du géant des réseaux sociaux, elles n’ont absolument pas ébranlé sa santé économique. Les récentes polémiques sur son mode de fonctionnement n’ont pas empêché Facebook d’engranger au troisième trimestre 9,2 milliards de dollars de bénéfices nets, des résultats en nette progression par rapport à l’année passée : 17% de plus qu’en 2020. "Nous avons fait de bons progrès ce trimestre et notre communauté continue à grandir", s’est félicité Mark Zuckerberg, directeur général groupe californien, cité dans le communiqué de résultats paru lundi.

De quoi rassurer ses investisseurs et continuer à attirer les annonceurs, malgré les récentes publications de la presse américaine qui accablent la plateforme à la suite des "Facebook papers", la fuite de milliers documents internes remis à la SEC, l’autorité boursière, par la lanceuse d’alerte Frances Haugen, ancienne cadre au sein de l’entreprise. 

Ces dossiers confidentiels confirment que l'entreprise avait une connaissance précise des effets néfastes de ses réseaux sociaux sur ses utilisateurs, mais les a largement ignorés pour maintenir sa croissance économique. Le groupe avait ainsi documenté en interne les conséquences toxiques de certains contenus d’Instagram sur la santé mentale des adolescents, ainsi que la désinformation en ligne et les dangers qu’elle représente pour la démocratie.

Surexposition à des contenus haineux

Des internautes américains et indiens ont ainsi été surexposés à des contenus extrémistes ou conspirationnistes à cause des algorithmes du réseau, d’après des chercheurs employés par la firme. Certains articles accusent également le groupe de ne pas suffisamment modérer des contenus non anglophones, faute de connaissances linguistiques. Avec un seul objectif en ligne de mire : retenir l’attention des internautes, pour maximiser leur temps d’utilisation et engranger encore davantage de profit. Propager de la haine en ligne "est le meilleur moyen de croître" sur la plateforme, a assuré Frances Haugen le 25 octobre lors de son audition devant des députés britanniques à Londres. 

Ce n’est pas la première fois que l’image du groupe est entachée par des révélations sur le contrôle de ses utilisateurs : en avril 2018, Mark Zuckerberg reconnaissait avoir transmis les données personnelles de dizaines de millions d’internautes au cabinet britannique Cambridge Analytica, qui les a analysées à des fins de propagande politique, notamment pour le compte de la campagne de Donald Trump à la présidentielle. 

"La réalité, c'est que les réseaux sociaux ne sont pas les principaux responsables de ces problèmes et ne peuvent pas les réparer tous seuls", s’est défendu de son côté Mark Zuckerberg, directeur général de Facebook, faisant valoir un budget alloués à la sécurité qui devrait atteindre 5 milliards de dollars cette année, avec 40.000 salariés sur le pont.  

La dernière mise à jour du système d’exploitation de l’IPhone, bloquant les outils de mesure d’efficacité des campagnes publicitaires du groupe ont aussi fait plonger l’action de Snap, maison mère de Snapchat, et de Facebook lui-même la semaine dernière. Le directeur financier David Wehner a reconnu que l'entreprise était dans une période d'"incertitude significative" à court terme, mais qui pourrait menacer ses perspectives. 

10 milliards de dollars misés sur le "métavers"

Des fragilités bien loin tout de même d’ébranler la stabilité du groupe, qui table sur un chiffre d’affaires encore en progression pour le trimestre en cours - entre 31,5 et 34 milliards contre 29 pour le dernier trimestre, qui représentait déjà une hausse de 35% en un an. Facebook se hisse aussi au rang de numéro deux mondial du marché publicitaire numérique mondial, dont il détient près d’un quart de parts de gâteau, et talonne ainsi Google. 

Mark Zuckerberg a également annoncé dernièrement investir massivement dans le "métavers", sorte d’univers parallèle accessible au grand public à l’aide d’outils technologiques comme des lunettes de réalité augmentée ou des casques de réalité virtuelle. Un projet à environ 10 milliards de dollars d'investissements dès 2021, pour engranger ensuite encore plus de richesses : "Nous espérons que d'ici la fin de la décennie nous pourrons aider un milliard de personnes à utiliser le métavers et y générer des centaines de milliards de dollars pour les commerces en ligne", a détaillé le fondateur du groupe. 

"Nous pensons que nous serons capables d'aller de l'avant malgré ces vents contraires", a-t-il assuré, tandis que détracteurs et ONG serrent les dents, craignant que la plateforme mise sur ce nouveau projet pour faire diversion et qu’elle gagne avec ces nouvelles technologies encore un peu plus de contrôle sur les données de ses utilisateurs. 

Ceux-ci se comptent d’ailleurs toujours en milliards de personnes et sont de plus en plus nombreux à rejoindre les réseaux du groupe : Facebook, Instagram ainsi que les deux messageries WhatsApp et Messenger cumulent 2,8 milliards d’internautes chaque jour, soit 11% de plus qu’il y a un an et près de 3,6 milliards d’utilisateurs au moins une fois par mois, ce qui représente une progression de 12% sur l’année écoulée. 

Seule ombre au tableau, l’utilisation de ces réseaux par les plus jeunes, qui délaissent progressivement Instagram pour TikTok, sur lequel ils passeraient deux à trois fois plus de temps, a révélé le site spécialisé The Verge lundi, à partir d’une note interne, alors que les adolescents représentent une audience lucrative cruciale pour la firme. Pour tenter de refermer cette brèche, la plateforme a tenté notamment de lancer Instagram Kids, destiné aux 10-12 ans, mais face aux scandales des Facebook Files, le projet est pour l’heure suspendu.


ML (avec AFP)

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