Au Texas, les médecins pourront peut-être bientôt mentir aux femmes enceintes pour les empêcher d’avorter

par Julie BERNICHAN
Publié le 3 mars 2017 à 22h31, mis à jour le 3 mars 2017 à 23h09
Au Texas, les médecins pourront peut-être bientôt mentir aux femmes enceintes pour les empêcher d’avorter

AVORTEMENT – Un projet de loi autorisant les médecins texans à omettre certaines informations sur la santé du fœtus vient d’être adopté à l’unanimité par la commission sénatoriale de l’Etat. Selon ses détracteurs, l’objectif serait d’empêcher les parents de mettre fin à une grossesse, malgré le risque de handicap de l’enfant à naître.

Le projet de loi suscite la controverse outre-Atlantique. Et pour cause, le texte voté cette semaine par la commission sénatoriale du Texas prévoit une clause un peu particulière : les praticiens ne seraient plus tenus d’informer les parents de l’état de santé de leur futur enfant, même s’il présente un risque de handicap. 

Un coup contre le droit à l'avortement

Selon les partisans de ce projet de loi, l’objectif est de défendre les droits des enfants handicapés et de protéger les médecins des risques de poursuites. Brandon Creighton, le sénateur républicain à l’origine du texte, suggère en effet que les praticiens américains ont tendance à inciter les femmes enceintes à l’avortement par peur de se faire attaquer en justice. Les familles texanes ont cette possibilité lorsqu’elles estiment avoir été mal informées sur un risque de handicap ou sur leurs options. 

Les détracteurs, eux, affirment que cette loi est une tentative à peine voilée pour limiter le droit à l’avortement. "SB 25 (le nom du projet) permettrait aux médecins de mentir aux parents, affirme Heather Busby, la directrice du groupe de défense NARAL Pro-choice au Texas (une association qui défend le droit à l’avortement), au Huffington Post américain. Or, les Texanes doivent pouvoir faire confiance à leur médecin pour faire un choix éclairé." Et si ce droit n’est pas respecté, la militante réclame un droit à l’indemnisation, comme le prévoit le droit actuel.

La patiente doit être en mesure d'examiner toutes les options
Dr Lauren Thaxton, opposée au projet

Du côté des médecins, le projet de loi ne fait pas non plus l’unanimité. Selon le Dr Lauren Thaxton, également interrogée par le média américain : "Des anomalies peuvent intervenir à tout moment de la grossesse. Dans ce cas, il est très important que la patiente soit en mesure d’examiner toutes les options afin de décider ce qui est le mieux pour elle et sa famille."

Si le projet a été voté par le comité sénatorial, il doit encore être voté par le Sénat, puis par la chambre des représentants du Texas. Dernier obstacle, qui n’en est pas vraiment un : le gouverneur de l’Etat, Greg Abbott, connu pour être un opposant à l’IVG - il a notamment parlé de "boucherie envers les bébés pas encore nés" pour qualifier l'avortement, doit signer le texte avant d’être mis en application.

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