Avortement : pourquoi "l'horreur" du pape François n'a rien d'étonnant

Publié le 13 janvier 2014 à 19h42
Avortement : pourquoi "l'horreur" du pape François n'a rien d'étonnant

RELIGION - Dans sa plus solennelle déclaration sur le sujet, le pape François n'y est pas allé de main morte lundi sur l'IVG. Un ton inhabituellement dur, pour un souverain pontife plutôt coutumier des gages d'ouverture.

"La seule pensée que des enfants ne pourront jamais voir la lumière, victimes de l’avortement, nous fait horreur". A l'occasion de ses premiers vœux aux ambassadeurs et diplomates lundi, le pape François n'a pas lésiné sur le choix des mots pour s'exprimer sur l'IVG. Livrant sa déclaration la plus solennelle sur le sujet depuis le début de son pontificat.

Une sortie qui peut a priori paraitre dure pour un pape qui, en moins d'un an de pontificat, a gagné une image de "roi de la communication". Sur plusieurs sujets de société - homosexualité, divorce -, il s'était ainsi montré plus ouvert que ses prédécesseurs. Sur l'IVG en revanche, ses mots sont dans la droite ligne de Benoît XVI, qui condamnait un acte "dangereux" ou de Jean-Paul II, qui fustigeait une "extermination légale".

"On ne doit pas s’attendre à ce que l’Église change de position"

Avant ce discours, François avait déjà évoqué le sujet de l'avortement. Dans sa toute première interview, accordée en septembre dernier à la revue jésuite Civilta Cattolica, il avait choisi d'illustrer sa pensée par un exemple : "Je pense à cette femme qui avait subi l'échec de son mariage pendant lequel elle avait avorté : elle s'est ensuite remariée et elle vit à présent sereine avec cinq enfants. L'avortement lui pèse énormément et elle est sincèrement repentie. Elle aimerait aller plus loin dans la vie chrétienne. Que fait le confesseur ?", s'était-il interrogé, invitant clairement au pardon.

Mais s'il prône la miséricorde pour l'individu, sa première exhortation apostolique en novembre avait été très claire sur l'acte. Sur ce sujet, avait-il prévenu, "on ne doit pas s’attendre à ce que l’Église change de position". Et d'ajouter : "Je veux être tout à fait honnête à cet égard. Cette question n’est pas sujette à de prétendues réformes ou à des 'modernisations'. Ce n’est pas un progrès de prétendre résoudre les problèmes en éliminant une vie humaine."

Une position à double entrée qui rappelle celle adoptée sur l'homosexualité. "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?", avait-il déclaré en juillet, suscitant la satisfaction des associations LGBT. "Mais en fait, il est sur la même position que Jean-Paul II, nuançait récemment le spécialiste de la papauté Philippe Levillain pour metronews. Simplement, quand son prédécesseur évoquait l'acte, disant qu'il est contre-nature, François insiste sur l'amour, qu'il accepte… à condition qu'il soit chaste". De l'art du compromis.


La rédaction de TF1info

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