Brésil : en mauvaise posture, Jair Bolsonaro s'attaque aux institutions et aux élections

T.G avec AFP
Publié le 8 septembre 2021 à 7h37, mis à jour le 8 septembre 2021 à 8h51

Source : TF1 Info

MANIFESTATION - Critiqué pour ses outrances et sagestion catastrophique de la crise sanitaire, le président brésilien Jair Bolsonaro est mauvaise passe dans les sondages, en plein lancement de la campagne présidentielle, prévue en octobre 2022.

Deux foules que tout opposent étaient massées dans les artères des grandes villes brésiliennes mardi 7 septembre. D'un côté les pros et de l’autre les anti-Bolsonaro, dans une atmosphère tendue en ce jour de fête nationale. Avec une cote de popularité au plus bas, fragilisé par les enquêtes ouvertes contre lui, le président brésilien est donné perdant face à l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva pour l'élection présidentielle prévue en octobre 2022. Les derniers sondages d'opinion de l'institut Atlas publiés lundi 6 septembre estiment que le taux de rejet du chef de l'État atteint un niveau record de 61%. 

Affaibli au terme de près de trois ans de mandat marqués par l'épidémie de Covid-19, qui a emporté plus de 500.000 personnes au Brésil, "Mito", "le Mythe" comme le surnomme ses soutiens, avait appelé explicitement ses partisans à descendre dans les rues mardi pour une démonstration de force. Des bus pour les transporter vers les cœurs des grandes villes du pays avaient même été mis en place. Après un survol de la capitale Brasilia, où des milliers d'entre eux étaient réunis, le leader d'extrême-droite s'est rendu à São Paulo pour y tenir un discours au ton martial et ponctué de phrases aux relents populistes, arguant par exemple "ne pas vouloir le confort des palais, mais être au plus proche du peuple."

À l'instar de Donald Trump, à qui il est souvent comparé, avant lui, le président brésilien a de nouveau remis en cause le système de vote électronique du Brésil, en vigueur depuis 1996. Sans jamais en apporter la preuve, il l'accuse de permettre des fraudes massives, et menace d'annuler la prochaine présidentielle si ce mode de scrutin n'était pas modifié pour y inclure des reçus de vote en format imprimé. 

"Nous voulons des élections propres, vérifiables, avec le comptage public des voix. Je ne peux pas participer à une farce comme celle que promeut le Tribunal supérieur électoral" (TSE), a déclaré Jair Bolsonaro, devant près de 125.000 personnes, selon la police militaire brésilienne, habillés de jaune et de vert, les couleurs du drapeau brésilien. Ces attaques répétées risquent de peser sur sa candidature pour 2022, la Cour suprême pouvant le déclarer inéligible.

Le président s'en est d'ailleurs pris à l'institution, et tout particulièrement le juge Alexandre de Moraes, qui a ordonné l'ouverture d'enquêtes contre lui et son entourage pour, entre autres motifs, dissémination de fausses informations. "Soit le chef de ce pouvoir (la Cour suprême) remet (le juge Moraes) à sa place, soit ce pouvoir va subir des conséquences dont personne ne veut", a-t-il menacé avant de conclure : "Seul Dieu me fera partir (du pouvoir) ; je ne serai jamais emprisonné".

"Ce qui est le plus inquiétant, c'est ces discours du président contre des institutions démocratiques, notamment la Cour suprême, du jamais vu depuis le retour de la démocratie" après la dictature militaire de 1964-1985, a réagi mardi le politologue Mauricio Santoro, interrogé par l'Agence France Presse. 

Ces derniers jours, les craintes de voir la fête nationale dégénérer s'étaient multipliées, certains observateurs craignant qu'un coup de force comparable à l'attaque du Capitole américain le 6 janvier 2021 n'intervienne. Hormis plusieurs journalistes molestés à Brasilia et l'arrestation de plusieurs militants pro-Bolsonaro en possession d'armes blanches ou ayant proféré des menaces de morts contre un juge de la Cour suprême, la journée s'est globalement déroulée dans le calme.


T.G avec AFP

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