2000 livres et un aller-simple pour quitter le Royaume-Uni : l'offre surprenante de Londres aux citoyens de l'UE

FAREWELL - Pour tous ceux qui n'arriveront pas à décrocher leur permis de résident d'ici juin, le Home Office propose une aide au départ, sur le modèle de celle offerte aux migrants. Brexit oblige.
C'est presque un détail administratif, une ligne sur un site web de l'exécutif britannique, qui en dit aujourd'hui beaucoup sur les effets du Brexit. Depuis ce mois-ci, les citoyens de l'Union européenne (UE) qui quitteront le pays peuvent profiter d'une aide au retour. Une aide en nature et en liquide : un billet de train ou d'avion vers son pays d'origine, et jusqu'à 2000 livres sterling (2200 euros environ), pour aider à retrouver un logement, "ou à démarrer sa propre activité".
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Pour les Européens qui avaient fait leur vie au Royaume-Uni, le symbole est parlant, mais forcément un peu douloureux. Car de fait, après le 30 juin prochain, certains d'entre eux pourraient bien devenir des résidents illégaux, faute d'avoir obtenu un permis en bonne et due forme, là où il y a un mois encore, ils pouvaient entrer, sortir, résider et travailler sans entrave partout dans le pays.
Des milliers de permis refusés
C'est le Guardian qui a levé ce lièvre, en découvrant sur le site du Home Office - l'équivalent local de notre ministère de l'Intérieur - que les citoyens de l'UE étaient désormais inclus dans la voluntary returns scheme, la procédure d'aide au retour volontaire, comme tous les immigrés sans statut légal.
Une offre généreuse sur le papier, qui peut même être offerte à des personnes ayant déjà quitté le pays, mais qui contredit de manière très visible le discours du gouvernement Johnson, quand il affirme que tous les droits des citoyens de l'UE doivent être sauvegardés après le Brexit. Surtout, la nouvelle aide se fait jour alors que la deadline pour tous ceux qui doivent demander un permis de résident n'arrive à échéance qu'à l'été prochain.
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Anglais/ Français : pas de Brexit pour les mots
Difficile de savoir combien de nationaux de l'UE profiteront du pécule de retour, ou même combien pourraient y avoir accès. Sur le papier, les Européens résidant de l'autre côté de la Manche peuvent tous avoir accès à un statut légal: "pre-settled" pour ceux qui vivent et travaillent au Royaume-Uni depuis moins de cinq ans, et "settled" pour ceux présents depuis plus longtemps. Mais depuis un an environ, les refus du Home Office se sont multipliés, parfois même pour des citoyens de l'UE installés depuis leur plus tendre enfance. Des refus parfois délivrés sans explications.
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Des refus qui surtout tombent mal, alors que le pays est ravagé par la pandémie de Covid-19, et vient de passer la barre symbolique et funeste des 100.000 morts. Selon l'ONG Joint Council for the Welfare of Immigrants, nombre de citoyens de l'UE travaillent comme personnels de soins, dans les hôpitaux et les maisons de retraite, et sont souvent désarmés face à la procédure à suivre. Dans un sondage, un sur deux disait ne pas savoir qu'il y avait une date limite pour déposer son dossier. Un sur trois disait même ne pas savoir qu'il fallait demander un permis de résidence.
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