VIDÉO - Brexit et Covid : le Royaume-Uni confronté à des pénuries massives et inédites

MM
Publié le 8 septembre 2021 à 10h23

Source : JT 20h WE

REPORTAGE - Les consommateurs britanniques font face à des pénuries de certains produits dans les magasins. Une situation liée à un manque de main-d’œuvre européenne, en grande partie à cause du Brexit.

Produits en rupture de stock, étalages vides... La scène est devenue presque banale au Royaume-Uni. Dans le supermarché de Londres où une équipe de TF1 se rend dans la vidéo en tête de cet article, une affiche informe les consommateurs qu'ils devront patienter trois semaines s'ils souhaitent acheter des oignons. Des pénuries que les clients constatent de plus en plus fréquemment.

"Parfois on ne trouve pas de lait. Parfois, c'est le pain", nous confie une femme, dans la vidéo en tête de cet article. Un homme abonde : "C'est inquiétant. On est habitués à avoir tout ce qu'on veut dans les rayons. On ne veut pas que ça change."

Et alors que 80% de la nourriture consommée par les Britanniques est importée, notamment d'Europe, restaurants, pubs, ou encore supermarchés peinent à s'approvisionner. Car le pays est confronté depuis des semaines à une pénurie inédite de chauffeurs routiers, provoquée par un exode d'Européens, qui résulte lui-même du Brexit et de la pandémie de coronavirus.

Dans un champ du nord-est du Royaume-Uni, Jack Pearce, directeur de l'entreprise Alfred G Pearce limited, qui produit des fruits et légumes, s'inquiète. "J'ai l'usine, j'ai les engins, j'ai des commandes, j'ai des produits que je peux vendre, mais je n'ai personne pour faire marcher les machines", explique-t-il, alors qu'il lui manque 20% d'employés pour faire fonctionner sa compagnie.

Pour TF1, il résume le problème : "Depuis que nous avons quitté l'Union européenne et qu'il faut des visas, les gens continuent à partir, mais personne ne vient s'installer."

Des retards dans la vaccination contre la grippe

Dean Redfern, chauffeur routier, est sur les routes depuis plus de 15 ans et regrette que son métier n'attire plus. "Les anciens quittent ce travail. Ils partent à la retraite et on n'a pas assez de monde qui vient répondre à la demande", nous dit-il. D'autant que le Covid-19 aggrave la crise, car des dizaines de milliers de chauffeurs n'ont pas pu passer leurs examens, et donc prendre leur poste. 

Cette pénurie touche aussi un secteur pour le moins sensible : la santé. Des rendez-vous de vaccination contre la grippe ont ainsi dû être repoussés après que le groupe Seqirus, le plus grand fournisseur de vaccins contre la grippe au Royaume-Uni, a annoncé des retards de livraison allant jusqu'à deux semaines en Angleterre et au Pays de Galles, invoquant "des difficultés imprévues liés aux retards de fret routier".

"C'est la double peine"

Dans le même temps, les autorités redoutent une forte circulation de la grippe cet hiver. "Que cela semble provenir de problèmes similaires concernant la capacité de fret et le transport est extrêmement préoccupant, et nous devons demander au gouvernement ce qu'il fait exactement pour résoudre ce problème de toute urgence", a déclaré Richard Vautrey, de la British Medical Association, rapporte l'AFP.

Rob Hollyman, directeur de l'entreprise Youngs transport association and logistics, a pour sa part décidé d'augmenter les salaires de ses chauffeurs. "C'est la double peine. Ça nous coute cher de garder et d'employer de nouveaux conducteurs. Et on perd aussi de l'argent parce qu'on n'a pas assez de bras", détaille-t-il au micro de TF1.

Comme lui, de grandes entreprises promettent désormais des bonus à leurs futurs employés, alors qu'1,6 million d'offres d'emploi sont aujourd'hui à pourvoir au Royaume-Uni. 


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