Brexit : les négociations dans l'impasse, mais qu'est-ce qui bloque ?

Publié le 21 septembre 2018 à 23h13
Brexit : les négociations dans l'impasse, mais qu'est-ce qui bloque ?

OUT - Après une réunion des 27 chefs d'État de l'UE en Autriche, la Première ministre britannique Theresa May a dénoncé "l'impasse" des négociations sur le Brexit et juge "inacceptable" le rejet de ses propositions par ses homologues. LCI fait le point sur ce qui bloque entre le Royaume-Uni et le reste de l'UE.

"Nous sommes dans une impasse." En direct à la télévision britannique depuis ses bureaux du 10 Downing Street, la Première ministre Theresa May a déploré le le blocage des négociations entre le Royaume-Uni et l'UE sur l'accord qui encadrera leurs relations après le Brexit, qui sera effectif le 29 mars 2019. "Il est inacceptable de tout simplement rejeter les propositions de l'autre partie sans explications détaillées et sans contre-proposition", a déclaré la dirigeante britannique, au lendemain du sommet informel de Salzbourg, en Autriche, où se sont réunis les chefs d'États des 27 pays européens.

Accès au marché et statut de l'Irlande du Nord : ça coince

Qu'est ce qui bloque entre le Royaume-Uni et l'UE ? En juin, Theresa May a présenté son "plan de Chequers", qui prévoit le maintien d'une relation économique étroite avec la création d'une zone de libre-échange pour les biens industriels et les produits agricoles entre les deux entités séparées. Mais à Salzbourg, sans surprise, les 27 ont rejeté cette proposition, qu'ils jugent incompatible avec le principe d'intégrité du marché unique.

L'Union européenne a en effet pour fondement cette idée de marché unique, dans lequel les quatre libertés de circulation (biens, services, personnes et capitaux) sont inséparables. Theresa May espérait pouvoir obtenir un accord qui permettrait au Royaume-Uni d'avoir le contrôle total sur sa politique migratoire, tout en bénéficiant d'un accès au marché unique.

Selon Theresa May, son "plan de Chequers" permettra également de maintenir des échanges économiques sans "frontière physique" entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Royaume-Uni et UE s'accordent en effet sur cet objectif de ne pas voir revenir une frontière physique qui séparerait l'Irlande en deux.

En l'absence d'accord, les relations entre Irlande et Irlande du Nord seraient régies par la solution dite du "filet de sécurité" - ou "backstop" en anglais - qui été convenue en décembre dernier pour débloquer les négociations. Ce "backstop" consiste à garantir un alignement réglementaire de l'Irlande du Nord sur l'UE faute d'autre accord, et doit entrer en oeuvre faute de meilleure solution. Sauf que Theresa May refuse que cette solution devienne permanente et porte atteinte à l'intégrité territoriale du Royaume-Uni en créant des règles différents pour l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne après le Brexit. 

La position britannique, avant et pendant le sommet de Salzbourg, était étonnement dure et intransigeante
Donald Tusk, président du Conseil européen

Face aux refus de ses homologues, la dirigeante britannique a demandé vendredi d'être traitée "avec respect" et a affirmé que Londres attendait désormais de nouvelles propositions de Bruxelles. "D'ici là, nous ne pourrons faire aucun progrès", a-t-elle conclu. La réponse ne s'est pas faite attendre. 

"Pour le bien des négociations et par respect pour les efforts de la Première ministre Theresa May, nous avions décidé de considérer le plan de Chequers comme un pas dans la bonne direction", a rétorqué Donald Tusk, ajoutant que c'était "la position britannique, avant et pendant le sommet de Salzbourg, étonnement dure et intransigeante", qui a amené les dirigeant européens à "réitérer leur position sur l'intégrité du marché unique". Dans son style habituel, le tabloïd britannique pro-Brexit The Sun a qualifié ce refus d'"embuscade" tendue à May par les "malfrats" Macron et Tusk.

Pas d'accord plutôt qu'un mauvais accord ?

Reste que cette fin de non-recevoir n'arrange pas la situation de Theresa May en interne. Celle-ci doit en effet rendre des comptes devant son parti lors du congrès des Conservateurs qui démarre le 30 septembre. L'échec de Salzbourg a été qualifié d'humiliation" par le Guardian et de "désastre" par le i. Alors qu'elle a perdu sa majorité absolue au parlement en juin 2017, elle subit à la fois les critiques des partisans d'un Brexit "dur" dans son propre parti, comme Boris Johnson, et les critiques des travaillistes et de leur leader Jeremy Corbyn. Ce dernier a affirmé que Theresa May est "incapable d'obtenir un bon accord sur le Brexit".

En attendant de nouvelles propositions de la part d'un camp ou de l'autre, May a de nouveau affirmé que son pays préférerait "pas d'accord à un mauvais accord".


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info