Catalogne : vous ne comprenez plus rien à la crise avec Madrid ? On vous explique

Publié le 19 octobre 2017 à 16h40, mis à jour le 19 octobre 2017 à 16h50
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Source : Sujet JT LCI

ESPAGNE - Depuis le référendum, le pays vit au rythme des soubresauts entre le gouvernement basé à Madrid et les indépendantistes, basés à Barcelone. Une situation qui évolue de jour en jour, non sans une certaine confusion.

Ultimatum d'un côté, défiance de l'autre, le tout parsemé de déclarations tonitruantes : depuis le 1er octobre, Madrid et Barcelone jouent au chat et à la souris, le gouvernement et les indépendantistes cherchant à prendre le dessus pour remporter la crise constitutionnelle qui secoue le pays. Vous n'arrivez plus à suivre ? Voici un mode d'emploi pour comprendre ce qui se passe actuellement en Espagne.

Retour en juin 2017, quand Carles Puigdemont – devenu le 10 janvier le président de la région - annonce un référendum d'autodétermination pour le 1er octobre. Il l'assure : si le "oui" l'emporte, la région amorcera la "déconnexion" d'avec l'Espagne. Problème, ce scrutin n'étant pas prévu par la Constitution du pays, Madrid précise qu'il ne peut se dérouler. Sauf que les séparatistes, malgré les menaces de Madrid, passent outre et organisent tant bien que mal leur référendum, le 1er octobre.

Déclarera, déclarera pas l'indépendance de la Catalogne ?

A l'issue d'une journée houleuse, durant laquelle plus de 800 personnes et une quarantaine de policiers demandent une assistance médicale, le gouvernement séparatiste affirme lui que le "oui" l'a emporté à 90%, avec une participation de 43% selon des résultats invérifiables. Débute alors une guerre des mots entre Mariano Rajoy, patron du gouvernement, et Carles Puigdemont : "Il n'y a pas eu de référendum d'autodétermination en Catalogne", affirme Mariano Rajoy, pour qui l'Etat de droit a prévalu. Le séparatiste, lui, demande une médiation internationale. 

Le 3 octobre, la crise entre dans une nouvelle phase. Pas moins de 700.000 personnes manifestent à Barcelone contre les violences policières, et le roi Felipe VI sort de silence afin de dénoncer les autorités séparatistes. Une parole royale sans effets sur Carles Puigdemont : le lendemain, le catalan frappe un grand coup en annonçant qu'il s'apprête à déclarer l'indépendance de la Catalogne probablement "à la fin de la semaine, ou au début de la semaine prochaine".

RAJOY/PUIGDEMONT, PORTRAITS CROISESSource : Sujet JT LCI
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"Le peuple a décidé que la Catalogne doit devenir un Etat indépendant sous forme de République"

Durant une semaine, le séparatiste va alors souffler le chaud et le froid et concentrer vers lui tous les regards : déclarera, déclarera pas l'indépendance de la Catalogne ? Le 10 octobre, le verdict tombe : lors d'une allocution solennelle devant le parlement régional il estime "que le peuple a décidé que la Catalogne doit devenir un Etat indépendant sous forme de République". Sauf que, aussitôt, il fait retomber la pression en proposant au Parlement de suspendre l'indépendance, pour permettre un dialogue. Un entre-deux dans lequel s'engouffre alors Madrid pour pousser à la faute le catalan. 

Le 11 octobre, le chef du gouvernement espagnol laisse en effet à Carles Puigdemont 8 jours maximum pour renoncer à toute déclaration d'indépendance, même "suspendue", sous peine de déclencher une procédure de suspension d'autonomie. Un ultimatum auquel Carles Puigdemont ne va répondre qu'à la dernière minute, le jeudi 19 octobre. Encore une fois, il botte en touche, assurant que l'indépendance n'a pas été déclarée… mais le sera si l'Etat suspend l'autonomie. Une nouvelle hésitation dont s'empare quelques minutes plus tard le gouvernement espagnol : constatant le refus de la Catalogne de répondre à ses demandes, il annonce sa volonté de "continuer les démarches prévues par l'article 155 de la Constitution pour restaurer la légalité". Les mesures de suspension de l'autonomie seront définies samedi lors d'un conseil des ministres extraordinaire qui devra les transmettre au Sénat, en vue de leur validation fin octobre. Une décision lourde de sens : cette mesure est sans précédent depuis la dictature de Francisco Franco (1939-1975).


Thomas GUIEN

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