13 soldats morts au Mali : épinglé par un haut gradé, Charlie Hebdo défend son "esprit satirique"

Publié le 1 décembre 2019 à 18h42, mis à jour le 1 décembre 2019 à 19h52

Source : JT 13h Semaine

DRAME - Quelques jours après la mort de 13 militaires français, des dessins publiés par l'hebdomadaire satirique ont suscité l'émotion, dans les rangs militaires, symbolisés par le tweet du chef d'état-major de l'Armée de terre, vendredi 29 novembre.

La tradition antimilitariste de Charlie Hebdo lui vaut à nouveau de lourdes critiques. Vendredi 29 novembre, le chef d'état-major de l'Armée de terre Thierry Burkhard a fait par de sa "profonde indignation" et de son "incompréhension" en découvrant les dessins publiés en ligne par l'hebdomadaire satirique, en réaction à la mort de 13 soldats français dans une opération militaire au Mali. 

Singeant une campagne de recrutement de l'armée française pour l'opération Barkhane, au Mali, Charlie avait publié, en ligne, et non dans son édition du mercredi 27 novembre, cinq dessins, tous plus sarcastiques les uns que les autres, moquant une communication qui gomme les risques liés à la condition militaire. Utilisant les slogans de la Grande muette, ils font dire à un squelette, vêtu d'un uniforme et d'un béret rouge, puis à un soldat enfermé dans un cercueil multi-décoré : "Je protège mon pays, je progresse dans ma vie". Dans un autre, on peut voir une couronne de fleurs mortuaire ainsi légendée : "J'ai soif d'aventure pour ceux qui ont faim de liberté". Ou encore, accompagnant le dessin d'un groupe de soldats affligés portant un cercueil : "Je suis tourné vers les autres, et vers mon avenir".

"J'ai rejoint les rangs pour sortir du lot"

Un style typique de Charlie Hebdo, qu'on observe aussi dans ce dessin mettant en scène des funérailles nationales, avec un cercueil recouvert du drapeau bleu-blanc-rouge, dans la Cour des Invalides, devant lequel se tient Emmanuel Macron. "J'ai rejoint les rangs pour sortir du lot". Une ironie qui n'a pas été du goût du militaire, qui a tweeté ce dernier dessin, rappelant ses "pensées [...] aux familles de tous les soldats morts au combat pour défendre nos libertés".

Sollicitée, la rédaction de Charlie Hebdo, qui a payé un lourd tribut en janvier 2015 au terrorisme islamiste, a attendu dimanche 1er décembre pour réagir. Dans une lettre ouverte au haut-gradé, le directeur de la rédaction Riss a défendu l'"esprit satirique", "parfois provocateur", de la publication, tout en assurant que les membres du journal étaient "conscients de l'importance du travail effectué par les soldats français pour lutter contre le terrorisme". Un hommage national doit être rendu, lundi 2 décembre, aux 13 soldats, morts dans le choc de deux hélicoptères, alors qu'ils conduisaient une opération de combat contre des djihadistes, au Mali. Il s'agit du bilan humain le plus lourd depuis 1983 pour la France, quand un attentat contre un quartier général français à Beyrouth avait tué 58 militaires.


La rédaction de TF1info

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