Chine : le dissident Qin Youngmin condamné à 13 ans de prison pour "subversion"

par Mathilde ROCHE
Publié le 11 juillet 2018 à 10h57
Chine : le dissident Qin Youngmin condamné à 13 ans de prison pour "subversion"

DROITS DE L'HOMME - Le dissident Qin Yongmin a été condamné à 13 ans de prison pour "subversion". C'est la plus longue peine infligée à un opposant politique depuis que le président Xi Jinping est à la tête du pays.

Le dissident chinois Qin Yongmin, 64 ans, a été condamné mercredi à 13 ans de prison pour "subversion", a annoncé le tribunal intermédiaire de la ville de Wuhan, où il était jugé. C’est la plus lourde peine infligée à un opposant politique depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping au début de la décennie, selon les  registres judiciaires.

En 1998, Qin Yongmin avait écopé d’une peine de 12 ans de prison pour avoir tenté de déposer les statuts d'un "Parti démocrate chinois". Cette initiative suivait la signature par Pékin du pacte de l'ONU sur les droits civils et politiques, un texte que le gouvernement chinois n'a depuis jamais ratifié. A sa sortie de prison en 2010, il avait promis de continuer à se battre pour les droits de l'homme et avait pris la tête d'une association en faveur de la démocratie. En 2015, il avait de nouveau été arrêté, accusé d'avoir organisé un rassemblement illégal. 

Le dissident Qin Yongmin "fera certainement appel"

Son association de défense des droits de l'homme dénonçait la politique du gouvernement sur internet et organisait des forums de discussion. L'acte d'accusation évoquait un texte dans lequel M. Qin appelait les jeunes Chinois à lutter pour les garanties légales offertes par les traités de l'ONU en matière de libertés fondamentales. Néanmoins, "en trois années d'enquête, les autorités ont été incapables de bâtir un dossier contre lui", a observé Frances Eve, de l'association de défense des droits de l'homme Chinese human rights defenders.

Lors de son procès en mai, l'opposant "a refusé de coopérer avec la cour" et a observé un silence total, selon un de ses avocats, Lin Qilei. Son autre avocat, Liu Zhengqing, a déclaré à l'AFP que Qin Yongmin était  "désespéré" par sa condamnation et "furieux contre ce régime véreux". Selon ses défenseurs, le dissident "fera certainement appel".

L'Union Européenne dénonce la situation en Chine

Sa condamnation survient au lendemain du départ pour l'Allemagne de Liu  Xia, la veuve du dissident Liu Xiaobo, qui était placée de facto en résidence surveillée depuis que ce dernier a obtenu le prix Nobel de la paix en 2010. "Il est affligeant de voir qu'un vétéran de la dissidence qui n'a fait qu'exercer sa liberté d'expression est aussi lourdement condamné au lendemain de l'espoir suscité par la libération de Liu Xia", a déclaré Patrick Poon, d'Amnesty international.

L'Union européenne (UE) a également critiqué le régime chinois à la suite du "dialogue euro-chinois sur les droits de l'homme" qui s'est déroulé lundi et mardi à Pékin. Dans un communiqué, l'UE dénonce "la détérioration des droits civils et politiques en Chine, qui s'accompagne de la détention et de la condamnation d'un nombre important de défenseurs chinois des droits de l'homme".


Mathilde ROCHE

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