Qui sont ces fans français de Donald Trump ? "Nous sommes là pour sauver la France et l’Europe"

par Simon HENRY
Publié le 24 septembre 2016 à 18h23, mis à jour le 25 septembre 2016 à 9h16
Qui sont ces fans français de Donald Trump ? "Nous sommes là pour sauver la France et l’Europe"

REPORTAGE - Le "Comité de soutien français de Donald Trump" a tenu sa première réunion publique ce samedi. Composé de personnalités proches des milieux d'extrême droite, son idéologie caresse bien souvent celle du fantasque candidat républicain. L'objectif de ce comité de soutien : profiter de l'appel d'air provoqué par la spirale Donald Trump, en vue de faire évoluer les mentalités à l'approche de l'élection présidentielle française.

Rendez-vous est pris ce samedi 24 septembre à la brasserie le François Copée, dans le 6ème arrondissement de Paris. C’est à l’étage de cet établissement que Georges Clément, président de l’association de comité de soutien français à Donald Trump, a décidé de réunir ses convives. Aux côtés de Vivien Hoch, l’un des fondateurs de l’association, et de son trésorier, "qui souhaite taire son nom", Georges Clément a fait ce constat : Donald Trump, personnage sulfureux et médiatiquement retentissant,  est parvenu à poser les jalons d’une nouvelle ligne politique qui aura une répercussion certaine en France et en Europe.  "C’est à Washington que se situe notre futur", assène-t-il, le ton grave. Il poursuit d’ailleurs dans un même élan : "Hillary Clinton va conduire à la disparition de l’Europe. Donald Trump incarne la politique américaine de demain qui peut permettre à l’Occident de survivre. Notre civilisation, autrefois si riche, est en pleine dérive identitaire. La mission d’un homme est de continuer ce qui était grand."

Faire entendre "la majorité silencieuse"

Mais qui se cache derrière ce comité ? Georges Clément, 72 ans, est un contributeur notamment pour le site d'extrême droite Riposte Laïque. Et celui-ci n'est en rien une exception, puisque les rangs de l'association comptent essentiellement des proches de la mouvance identitaire comme Gérard Pince, auteur du livre "Les Français ruinés par l’immigration", ou encore Vivien Hoch, un polémiste et opposant au mariage gay, connu pour ses positions anti immigration et contributeur du site Boulevard Voltaire. 

"Notre impact sur la France doit être majeur", clamait-Vivien Hoch il y a encore quelques semaines lors d'une interview. Et nul doute que l'association entend bien marcher dans les pas du candidat républicain pour permettre à "une majorité silencieuse, à qui on ne donne pas la parole, d’exister dans le débat politique". A la question des journalistes présents dans la salle et qui s'interrogent sur le nombre d’adhérents qui compose l’association, Georges Clément hasarde une réponse approximative. "Une trentaine, peut-être une quarantaine. Mais vous savez, le nombre d’adhérents on s’en fiche. Nous ne sommes pas un satellite de la campagne, mais nous espérons envoyer un message : celui de mettre fin à une politique hexagonale désincarnée, ou tous les candidats se ressemblent, et qui font de la politique politicienne. Nous sommes là pour sauver la France et l’Europe".  

Un homme aussi détesté ne peut pas être aussi mauvais
Thierry Martin, visiteur sarkozyste

Sarkozyste convaincu, Thierry Martin, 46 ans, est venu ce matin par curiosité. Cet entrepreneur a eu vent du lancement du comité par le GOP France, une communauté de personnes se présentant comme "les amis de la droite américaine et qui regroupent des citoyens français en faveur du Grand Old Party [l'autre nom du parti républicain, NDLR] ". Une organisation qui a toutefois  pris ses distances avec Donald Trump, à en croire Thierry Martin. "Le président de GOP France a démissionné de ses fonctions lors de l’investiture républicaine de Donald Trump", informe-t-il. "Tout comme Nicolas Sarkozy en France, c’est un personnage dont le tempérament divise, y compris dans son propre camp politique. Mais j’ai l'intime conviction qu’un homme aussi détesté ne peut pas être aussi mauvais". 

Dans la salle, toutefois,  d’autres se montrent moins circonspects. Roger Cuculière, 71 ans, est venu dans le but d’adhérer à l’association dont il a entendu parler "par un ami d’amis". Militant politique, et nationaliste "depuis toujours", celui-ci se déclare "en parfaite symbiose avec les idées du comité", dont il juge la ligne politique "moins molle que celle du Front national". Lui aussi espère qu’une victoire de Donald Trump à la présidentielle amorcera un changement des mentalités. "Il a un franc-parler,  et n’hésite pas à se mouiller même avec les thématiques les plus sensibles, comme l’immigration. Sa victoire pourrait permettre de débloquer des vannes psychologiques dans la classe politique et l’ensemble de la société." 

En France, on n’accepte pas le personnage
Georges Clément, président du comité de soutien français de Donald Trump

Problème : Roger Cuculière ne pourra adhérer en bonne et due forme à ce comité. Crée juridiquement le 1er août 2016, l’association peine depuis à ouvrir un compte bancaire. Le trésorier du comité affirme avoir essuyé le refus de plusieurs banques, qui se seraient montrées, selon ses termes, peu enclines à offrir leurs services à une structure dont les fonds sont portés à l’effigie d’une personne qu'elles jugent  "sensibles". 

Mais pour Georges Clément, il s’agit là avant tout d’un épisode révélateur du ressentiment que les partisans de Donald Trump peuvent susciter. "En France, on n’accepte pas le personnage. Ce qui n’empêche pas les commentateurs zélés d’évoquer le terme trumpisation. Encore cette semaine, Manuel Valls a reproché à Nicolas Sarkozy de trumpiser son discours. La classe politique méprise nos idées, mais force est de constater, qu’au fond, elle reprend notre concept."

Enfin, si le très faible nombre d’adhérents "officiels" laisse penser à un courant idéologiquement minoritaire, Vivien Hoch préfère se baser sur la communauté que l’association a fédéré sur les réseaux sociaux. "Nos sympathisants se comptent en milliers en réalité. C’est véritablement cette sphère qui incarne le mouvement que nous souhaitons insuffler. Vous verrez, Donald Trump l’emportera, et le 8 novembre prochain, nous verrons bien si nous serons nombreux à sabler le champagne."


Simon HENRY

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