Comment Hitler est-il mort ? Un livre et un documentaire lèvent le voile sur l’un des plus grands mystères de l’Histoire

Publié le 20 mars 2018 à 12h34
Comment Hitler est-il mort ? Un livre et un documentaire lèvent le voile sur l’un des plus grands mystères de l’Histoire
Source : FRANCE PRESSE VOIR / AFP

AUTOPSIE – Après une enquête de plusieurs années en Russie, où sont conservés les seuls restes humains attribués à Adolf Hitler, deux journalistes sont parvenus à dissiper les nombreuses zones d’ombre entourant encore le suicide du Führer en 1945. Et notamment ses circonstances.

"Il y aura toujours des complotistes pour nier l’évidence." Conscient de l’ampleur de la tâche, Jean-Christophe Brisard espère cependant réussir à faire taire "tous ces délires". Par "tous ces délires", il entend toutes les rumeurs qui continuent de courir, encore, au sujet de la mort d’Adolf Hitler. En décidant, aux côtés de la journaliste russe Lana Parshina, de s’attaquer au zones d’ombre entourant encore le suicide du dictateur, le grand reporter français déjà auteur de plusieurs enquêtes de taille savait que la pression et les attentes seraient grandes. 

"Dès le début, j’avais en tête cette nécessité absolue d’être encore plus rigoureux sur les informations que j’allais récolter", nous explique le co-auteur de "La Mort d’Hitler. Dans les dossiers secrets du KGB" (éditions Fayard), également réalisateur du documentaire "Le mystère de la mort d'Hitler", diffusé ce mardi 20 mars en deuxième partie de soirée sur France 2. Face aux difficultés rencontrées auprès de l’administration du pays des Tsars, "il fallait m’entourer de spécialistes reconnus", poursuit-il. "Faire en sorte que mon travail soit le plus inattaquable, c’est un sujet encore éminemment sensible."

ARCHIVES - Autriche : la maison natale d'Hitler finalement conservée mais modifiéeSource : Sujet JT LCI
Cette vidéo n'est plus disponible

Le Führer est-il bien mort dans son bunker à Berlin en 1945 en compagnie de sa femme Eva Braun ? S’est-il vraiment suicidé ? Et comment ? A-t-il avalé du cyanure ? S’est-il tiré une balle dans la tête ? Dans la tempe ? Dans la bouche ? Autant de questions auxquelles le duo franco-russe s’est attelé. 

Une mort confirmée par l’expert des "cold cases"

Grâce au recueil de nombreux témoignages d’époques, notamment d’anciens SS ou du majordome d’Hitler, Heinz Linge, mais aussi à l’aide de Philippe Charlier, médecin légiste spécialiste des "cold cases" historiques, qui a pu analyser les restes attribués au leader nazi et conservés à Moscou, le livre réussit son pari : il permet de lever le voile sur ce mystère ayant alimenté les théories du complot durant des décennies. 

"Philippe Charlier a agi comme quand il travaille pour la justice qui le sollicite régulièrement pour des expertises médico-légales", souligne Jean-Christophe Brisard, assurant que les résultats de l’étude seront prochainement publiés dans une revue scientifique internationale. La preuve du sérieux du travail fourni ? De fait, les conclusions semblent implacables, sans équivoque : selon l’expert français, Adolf Hitler s’est bel et bien donné la mort le 30 avril 1945 avec sa compagne dans les sous-sols de la capitale allemande assiégée de toute part par les Alliés et l’Armée rouge des Soviétiques. 

Les restes de mâchoire et de dents d'Adolf Hitler, conservés au siège des services secrets russes, le FSB, dans une ancienne boîte à cigarettes.
Les restes de mâchoire et de dents d'Adolf Hitler, conservés au siège des services secrets russes, le FSB, dans une ancienne boîte à cigarettes. - Jean-Christophe Birsard / DR

Les restes authentifiés de la mâchoire et des dents d'Adolf Hitler, conservés au siège des services secrets russes (FSB, ex-KGB), dans une vieille boîte à cigarettes.

La confirmation s’est faite en deux temps, deux lieux. D’abord en mars 2017, à Moscou, aux archives d'Etat de la Fédération de Russie (GARF) et au siège des services secrets (FSB, ex-KGB). Là où sont gardés respectivement un morceau de crâne et des restes de la mâchoire d’Hitler. Puis, quelques semaines plus tard, à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines, où Philippe Charlier dirige une équipe d’anthropologie médicale. Là où il finira, après autorisation de la Russie, par examiner au microscope d’infimes fragments dentaires fortuitement récupérés pour mettre fin aux doutes, définitivement. "Pour les dents, je sais. Elles sont bien celles d'Hitler !", s’exclame alors le médecin-légiste.

Ces analyses mises bout à bout nous confirment que les restes examinés sont bien ceux d'Adolf Hitler, mort à Berlin en 1945
Philippe Charlier, médecin-légiste et anthropologue

"On a une certitude de correspondance anatomique entre les radios (réalisées un an avant la mort d’Hitler, ndlr), les descriptifs des autopsies, les descriptifs des témoins, principalement ceux qui ont fait et réalisé ces prothèses dentaires, et la réalité qu'on a eue dans les mains", explique Philippe Charlier. "Toutes ces analyses mises bout à bout nous confirment que les restes examinés sont bien ceux d'Adolf Hitler, mort à Berlin en 1945. Et tout cela détruit l'ensemble des théories d'une survie de cet individu."

Pourquoi tant d’incertitudes aussi longtemps ?

Après recoupement, Philippe Charlier affirme que celui qui encore aujourd’hui incarne une forme de mal absolu s’est bien suicidé d’un tir d’arme à feu dans la tempe (et non la bouche), comme l’avait toujours dit Heinz Linge, avant d’être partiellement brûlé. Même s’il ne peut pas attribuer le crâne à Hitler par croisement ADN (les archivistes russes ne l’ont laissé mener qu’un examen visuel), les données chimiques recueillies - des traces montrant la combustion du corps, entre autres - et les écrits permettent néanmoins de faire cesser l’incertitude, vieille de plus de 70 ans. 

Le plan du bunker berlinois d'Adolf Hitler dessiné par le majordome personnel du Führer, Heinz Linge.
Le plan du bunker berlinois d'Adolf Hitler dessiné par le majordome personnel du Führer, Heinz Linge. - Jean-Christophe Brisard / DR

Le plan du bunker d’Adolf Hitler, dessiné par le majordome personnel du Führer, Heinz Linge, qui fut arrêté et détenu par les forces soviétiques de 1945 à 1955.

Pourquoi autant de mystères pendant aussi longtemps ? La faute, comme le retrace l’enquête, à plusieurs facteurs historiques. De la volonté de Staline de cacher le cadavre pour faire croire aux Occidentaux à une fuite du Führer vers l’Amérique du Sud, aux brouilles entre divers ministères soviétiques à travers les époques, en passant par la culture locale du secret, la clé de l’énigme se trouve en grande partie du côté de la Russie. 

Mais pas seulement. Et pour cause : sur fond d’oppositions semblables à celles du temps de la Guerre froide, des chercheurs américains du Connecticut avaient certifié, en 2009, que les restes détenus en Russie étaient ceux d’une femme. Bien que fausse, la nouvelle n’avait pas manqué de susciter la polémique, crispant les Russes et poussant les complotistes du monde entier à nier l’évidence.


Alexandre DECROIX

Tout
TF1 Info