LA CORÉE DU NORD, EPISODE 9/10 - A quoi joue Kim Jong-Un ? En multipliant ses essais militaires au fil des mois, le régime de Pyongyang est devenu un "Etat voyou", selon Donald Trump. Les deux hommes se livrent depuis à une joute verbale aux conséquences imprévisibles. Une crise que LCI vous aide à décrypter à travers une série d'articles. Ici, focus sur les liens entre la Chine à la Corée du Nord.
Que serait la Corée du Nord sans la Chine ? Depuis sept décennies, les deux régimes communistes avancent main dans la main. Une alliance dont bénéficie surtout Pyongyang, qui a besoin du soutien diplomatique et (surtout) économique de Pékin. Un soutien dont l'avenir serait cependant remis en cause par les récentes provocations de Kim Jong-Un.
Alliés depuis la guerre de Corée (1950-1953), durant laquelle des milliers de volontaires chinois ont perdu la vie, les deux pays frères partagent plus qu'une frontière de 1.400 kilomètres. Tout d'abord sur le plan économique : selon l'Agence coréenne pour la promotion du commerce et de l'investissement (KOTRA), les exportations nord-coréennes se sont élevées en 2016 à 2,8 milliards de dollars et les importations à 3,7 milliards. La Chine comptant pour 90% de ces échanges. En 2015, leurs échanges bilatéraux équivalaient à 4,7 milliards d’euros. Selon l'ONU, la Corée du Nord aurait par ailleurs entre 50 et 100.000 travailleurs détachés, installés essentiellement en Chine, qui permettraient à Pyongyang de disposer de plus de 1,5 milliard de dollars par an.
"La Chine n'a aucun intérêt à ce que la Corée du Nord s'effondre"
En outre, les deux régimes sont liés sur le plan militaire. "La Corée du Nord est le seul pays avec lequel la Chine a signé un Traité de Défense, en 1961, précise à LCI Antoine Bondaz, spécialiste des deux pays à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). La Chine n'a aucune autre alliance militaire." Côté politique, aussi, difficile de faire l'un sans l'autre. "Ils ont des relations de parti à parti plus que de gouvernement à gouvernement", note cependant Antoine Bondaz.
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Politique, économie, militaire… Liés dans tous ces domaines avec la Corée du Nord, difficile pour la Chine de ne pas jouer un rôle dans la crise actuelle. Surtout que Pékin a un objectif stratégique dans celle-ci : éviter une chute du régime. Celle-ci provoquerait en effet un afflux de millions de réfugiés sur son territoire, et à terme une réunification des deux Corées, à l’avantage de Séoul. Pire : des troupes américaines pourraient s'installer à sa frontière... "La Chine n'a aucun intérêt à ce que la Corée du Nord s'effondre. Imaginez si le régime s'effondrait le nombre de citoyens qui arriveraient à sa frontière !", nous explique Pascal Dayez-Burgeon directeur adjoint de l’Institut des sciences de la communication du CNRS.
Vers une réduction des livraisons de pétrole à Pyongyang ?
"L'objectif de Pékin est avant tout la stabilité dans la région. Et ce, tout en apparaissant comme une puissance responsable, et donc en luttant contre la prolifération nucléaire et en mettant en scène le respect des sanctions", ajoute Antoine Bondaz. Après le dernier essai nucléaire nord-coréen, début septembre, le gouvernement chinois a ainsi voté et promis d'appliquer les sanctions de l'ONU, en réduisant ses livraisons de pétrole à Pyongyang.
La survie du régime de Pyongyang est-elle finalement possible sans le soutien du grand frère chinois ? Rien n'est moins sûr. Car malgré les sanctions, l'économie de la Corée du Nord flotte encore. En attendant que Pékin cesse de livrer son pétrole, des mesures ont déjà été prises pour interrompre des importations sur le sol chinois de charbon nord-coréen. Sauf que Pyongyang a réussi à réexpédier des cargaisons vers d'autres Etats membres de l'ONU, incluant la Malaisie et le Vietnam et utilisé d'autres pays tiers pour d'autres livraisons, précise un rapport de l'ONU publié en septembre.
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