Coronavirus : comment se passe la levée du confinement en Chine ?

par Hamza HIZZIR
Publié le 2 avril 2020 à 18h10, mis à jour le 3 avril 2020 à 9h05

Source : TF1 Info

DECONFINEMENT - Mise sous cloche le 23 janvier pour tenter d'enrayer la propagation du coronavirus, Wuhan vit désormais au rythme de la levée progressive du confinement, dans le sillage du reste de la Chine.

Des gens meurent encore du Covid-19 à Wuhan, berceau de la pandémie. Samedi dernier, les autorités sanitaires y ont annoncé trois nouveaux décès. Il n'empêche : la situation n'est plus comparable à celle du 23 janvier, date de la mise sous cloche de cette cité de 11 millions d'habitant où, officiellement, 2.538 personnes, touchées par le coronavirus, ont trouvé la mort. Le confinement a été levé le 24 mars dans toute la province du Hubei, désormais considérée comme une zone à "faible risque", mais son chef-lieu doit, lui, encore attendre le 8 avril pour voir la fin totale des mesures restrictives. Soit le premier, et seul exemple au monde, de "déconfinement" progressif.

Concrètement, on peut de nouveau venir en ville, et y circuler sous contrainte. En revanche, il faudra attendre la date butoir pour la réouverture de l'aéroport, et donc pouvoir la quitter. Ce que cela change concrètement ? "Ici, on peut distinguer deux types de déconfinement. Premièrement, le déconfinement économique. On va vous donner un laissez-passer selon que vous avez subi ou non une période de quarantaine, et selon le nombre de cas recensés dans la zone où vous vous trouviez, ou alors si vous avez eu un test négatif. Ce document, contenant nom, numéros de passeport et de plaque d'immatriculation, va vous permettre d'aller travailler", explique à LCI Philippe Klein, directeur de l'hôpital international de Wuhan.

L'indispensable code QR

Le docteur poursuit : "Ensuite, il y a un second déconfinement, plus progressif, qui se fait en fonction de la période de quarantaine que vous avez subie dans une zone sans nouveau cas positif, ou en fonction d'un test négatif, ou en fonction du fait que vous avez été malade et qu'on vous a fait une sérologie (analyse sanguine, ndlr) prouvant que vous êtes guéri. A ce moment-là, les Chinois ont progressivement permis à la population de sortir, avec un autre laissez-passer, en fait un certificat de bonne santé. Il prouve que vous n'êtes pas contaminant et vous permet, par exemple, de vous rendre dans un supermarché pour vous approvisionner." Ce n'est pas tout.

Les citoyens chinois sont aussi susceptibles d'être contrôlés à plusieurs reprises dans une journée, et doivent alors présenter un code QR présent dans leur téléphone. Sa couleur est cruciale : vert, l'accès est autorisé ; orange ou rouge, on n'entre pas. L'application, développée par la société Alibaba, analyse les données de l'utilisateur pour déterminer s’il a voyagé dans des zones à risque, et indique même s'il s'est rendu à proximité de personnes infectées par le Covid-19. La couleur verte est ainsi réclamée pour accéder à des résidences, des gares ou des stations de métro.

Xi Jinping tombe le masque

En outre, la police patrouille désormais avec des caméras thermiques, pour contrôler la température des passants, tandis que des drones volent parmi les voitures en circulation, afin que les conducteurs scannent un autre code QR. A Wuhan, il y a aussi de nombreuses et imposantes barrières de plastique jaunes ou bleues, hautes d'1,80m, qui restent dressées le long des rues, afin de canaliser les mouvements de foule et surtout limiter le nombre de personnes sur les trottoirs. 

Ailleurs dans le pays, la majorité des galeries commerciales et des restaurants ont levé le rideau, et certains ont même osé faire tomber le masque, comme le président Xi Jinping lors de sa dernière apparition publique, mercredi. Selon le Boston Consulting Group, 75 % des entreprises chinoises ont repris le travail, 90 % des grands magasins accueillent à nouveau du public et la moitié des cinémas ont rouvert. En revanche, leur fréquentation par les consommateurs demeure bien en-dessous de son niveau de 2019. Signe que la population, après deux mois de blocus, reste, elle aussi, sur ses gardes.


Hamza HIZZIR

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