Après Washington, l'UE "prête à discuter" de la levée des brevets des vaccins contre le Covid-19

CQ avec AFP
Publié le 6 mai 2021 à 9h52
Ce lundi 9 novembre à 12h45, l'Américain Pfizer a annoncé à avoir développé un vaccin "efficace à 90%" contre le Covid-19
Ce lundi 9 novembre à 12h45, l'Américain Pfizer a annoncé à avoir développé un vaccin "efficace à 90%" contre le Covid-19 - Source : DAVID DEE DELGADO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP

PIONNIER - La Maison Blanche a affiché mercredi 5 mai son soutien à la levée des brevets de fabrication des vaccins contre le Covid, suscitant l'opposition des laboratoires.

"Il s'agit d'une crise sanitaire mondiale, et les circonstances extraordinaires de la pandémie du Covid-19 appellent à des mesures extraordinaires", a déclaré la représentante américaine au Commerce Katherine Tai pour justifier la levée des brevets de fabrication des vaccins contre le Covid-19. C'est ainsi que Washington s'est prononcé mercredi 5 mai en faveur de la levée des protections de propriété intellectuelle pour les vaccins afin d'accélérer leur production et leur distribution dans le monde. Un geste fort de la part de l'administration Biden, qui ne passe pas auprès des laboratoires. 

Les fabricants, eux, sont globalement opposés à toute suspension, qu'elle soit temporaire ou non, de leur brevet et considèrent que cela aurait pour effet de les priver d'un budget conséquent versé à la recherche et l'innovation. Sollicités par l'AFP, les laboratoires américains Johnson & Johnson, Pfizer et Moderna n'ont pas directement réagi à l'annonce mais la Fédération internationale de l'industrie pharmaceutique (IFPMA) l'a jugée "décevante", considérant qu'"une suspension est la réponse simple mais fausse à un problème complexe". Stephen Ubl, président de la fédération américaine (PhRMA), a souligné que cette décision pourrait ainsi "affaiblir davantage les chaînes d'approvisionnement déjà tendues et favoriser la prolifération des vaccins contrefaits".

Dans la foulée, l'Union européenne a esquissé un début de réponse avec Ursula von der Leyen. Ce jeudi, la présidente de la Commission a indiqué que "l'UE est prête à discuter de toute proposition qui s'attaquerait à la crise de façon efficace et pragmatique. Nous sommes prêts à discuter de la façon dont la proposition américaine peut permettre d'atteindre cet objectif". La cheffe de l'exécutif européenne a appelé "dans l'immédiat" tous les pays producteurs de vaccins "à autoriser les exportations".

L'OMS et Lula se félicitent

La levée temporaire des brevets sur les vaccins est notamment réclamée par l'Inde et l'Afrique du Sud mais certains pays y sont opposés, comme la France qui plaide plutôt pour des dons en faveur des pays démunis. Le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est réjoui de "cette décision historique" et demandé à agir "tous ensemble rapidement, dans la solidarité, en nous appuyant sur l'ingéniosité et l'engagement des scientifiques qui ont produit des vaccins". 

Même élément de langage chez l'ancien président brésilien Lula, qui a tenu à "saluer cette décision historique" et écrit sur son compte Twitter : "Depuis 2020, nous soutenons que la suspension du monopole des brevets est la seule issue pour la vaccination de masse de l'ensemble de la population. La santé ne peut pas être commercialisée. L'humanité va vaincre ce virus." Du côté de la Nouvelle-Zélande, le ministre de l'Agriculture et de la Biosécurité a réagi favorablement à la prise de position de la Maison Blanche : "Nous accueillons chaleureusement et soutenons fortement les propositions de levée des brevets sur les vaccins. Nous travaillerons activement avec nos partenaires pour faire avancer ce dossier".

Aux côtés des États, de nombreuses ONG ont aussi pris position en faveur de la levée des brevets dans cette crise sanitaire majeure, à l'instar de l'association Oxfam France. Sa directrice générale Cécile Duflot a d'ailleurs signé un "appel de Paris" le 11 mars dernier pour "libérer la production des vaccins". Concrètement, le texte demandait"la réquisition des outils de production" et la levée des brevets en suspendant temporairement les Accords sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). L'ancienne ministre s'est félicitée mercredi soir de l'annonce américaine, demandant à Paris de faire de même : "C’est LA nouvelle fantastique de la nuit : Biden soutient officiellement la levée des brevets sur les vaccins #COVID19. Cette décision que la France DOIT soutenir pourrait contribuer à sauver des millions de vies !" 

Et selon une étude réalisée par Oxfam France, l'opinion publique est favorable à la fin du monopole de la fabrication des vaccins. Dans un sondage YouGov commandé en mars par la coalition d'ONG People's Vaccine Alliance, 63% des Français interrogés ont considéré que les laboratoires pharmaceutiques devraient partager leurs technologies avec d'autres producteurs qualifiés, afin d'accroître l'accès au vaccin contre le Covid-19 dans les pays pauvres.


CQ avec AFP

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