"Si une économie venait à tomber, c'est toute l'Europe qui va défaillir" : Thierry Breton veut une UE solidaire dans la crise sanitaire

Publié le 6 avril 2020 à 11h02

Source : TF1 Info

PROPOSITION - Invité d'Elizabeth Martichoux ce lundi 6 avril, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, a fait un plaidoyer pour l'emprunt européen pour contrer la crise du coronavirus.

Invité d'Elizabeth Martichoux sur LCI ce lundi 6 avril, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, arborait un visage fermé et adoptait un ton solennel : pas de place pour le calcul, "il s'agit avant tout aujourd'hui de sauver des vies humaines, de protéger l'ensemble de nos compatriotes, de nos concitoyens européens mais aussi de toute la planète" rappelait-il en guise de préambule, rappelant la nécessité de mettre l'humain au premier rang de la construction des politiques publiques. 

Pour sortir le monde de l'ornière de cette crise sanitaire, Thierry Breton fait l'éloge, fut-il tardif, d'une Europe fédérée, jusque dans ses emprunts, que continuent de combattre les pays du Nord de l'UE : "Aucun pays n'était préparé à cette épidémie, aucun. Pas même la Chine que nous avons aidée immédiatement dès le mois de janvier, lorsqu'elle nous a appelé au secours, car elle n'était pas prête", rappelle-t-il à une heure où Pékin repousse de plus en plus l'idée que le coronavirus ayant provoqué l'épidémie de Codiv-19 puisse être originaire de Chine. "Nous ne réussirons à vaincre cette pandémie que tous solidaires et unis, y compris continent par continent (...) Il est absolument essentiel que nous préservions tous les pays dans cette crise (...) Aucun n'a les moyens, de financer seul ses plans de relance, pas plus que l'Allemagne que la France. Tous les pays devront emprunter, ils devront le faire dans des conditions équitables." 

"Tout le monde va devoir emprunter"

En d'autres termes, selon le commissaire européen au Marché intérieur, aucun pays ne pourra relever le défi sanitaire et économique, seul, dans son coin : "Le 'chacun pour soi' ne marchera pas" poursuit-il. "Parce que nous sommes une économie totalement intégrée au sein de l'Union européenne, le marché intérieur est notre bien le plus précieux, chaque pays importe environ 65% au pays voisin, nos chaînes de valeur sont totalement intégrées. Si une économie venait à sombrer, c'est toute l'Europe qui va défaillir car nous sommes trop intégrés aujourd'hui pour faire en sorte de fermer les yeux si l'un d'entre vous voyait son économie sombrer" Et aucun pays européen n'a les moyens, seuls, aucun ne pourra faire sans emprunter : "Tout le monde va devoir emprunter. Chacun va devoir protéger son secteur (...) Vraisemblablement, pour l'ensemble de l'Europe, c'est 1600 milliards d'euros supplémentaires qu'il va falloir mettre sur la table, il faut que chacun puisse emprunter de manière équitable." Ainsi, toutes les options doivent être présentées, y compris celle d'un plan de relance, pour lequel la France penche fortement.

Concrètement, que faire ? "Il faut impérativement faire en sorte que les liquidités soient là. Et pour ce faire, tout le monde a réagi très vite, beaucoup plus vite qu'en 2008". A l'inverse d'Emmanuel Macron, il défend la réaction de la BCE (Banque centrale européenne), qui "a fait ce qu'il fallait avec les 750 milliards d'euros mis sur la table tout comme les États-membres avec désormais la possibilité immédiate pour les banques de faire des prêts pour toutes les entreprises, y compris les petites pour qu'elles assurent leurs besoins en liquidité." Reste que, "comme nous ne savons encore les répercussions de cette crise asymétrique, il est indispensable que nous puissions avoir les moyens très forts pour accompagner cette période incertaine."


Romain LE VERN

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