En Australie, la stratégie "zéro Covid" mise à mal par le variant Delta

Publié le 7 août 2021 à 12h07, mis à jour le 7 août 2021 à 14h46
En Australie, la stratégie "zéro Covid" mise à mal par le variant Delta
Source : SAEED KHAN / AFP

ÉPIDÉMIE – Le rebond de l’épidémie à Sydney ou Melbourne est une surprise pour les autorités australiennes, qui avaient réussi à enrayer les contaminations. Ayant fait l’impasse sur la vaccination, la seule solution à l’heure actuelle est le confinement.

C’était une stratégie vantée pour son efficacité et qui pourrait échouer face au variant Delta. Avec la poursuite d’un objectif dit "zéro covid", l’Australie avait, comme d’autres pays d’Océanie ou d’Asie, trouvé la recette pour vivre normalement en période d’épidémie. En confinant de manière stricte des villes pendant une poignée de jours dès la découverte de deux ou trois cas positifs, les autorités avaient réussi à garder le contrôle sur l’épidémie et ses aléas. 

Par des mesures drastiques et un minutieux traçage numérique des chaines de contaminations, elles étaient parvenues à réduire à néant les nouveaux cas de Covid, plutôt que de simplement les diminuer. Une hérésie en Europe, et particulièrement en France où le nombre de malades quotidiens est brièvement descendu sous la barre des 5000 à la fin juin avant de remonter aussitôt.

60% de confinés...

Mais à l’heure du variant Delta, cette stratégie ne s’avère plus si payante. Ces dernières semaines, l'île-continent est frappée par un rebond de l'épidémie, passant de 37 nouveaux cas détectés le 6 juillet à 237 le 4 août. Ses villes principales, Sydney, Melbourne et Brisbane, ont été forcées de se confiner à nouveau, cette fois pour un temps indéterminé. Sydney, qui entame sa septième semaine de confinement pour deux tiers de ses habitants, enregistre encore des records quotidiens de contaminations avec 4610 nouveaux cas vendredi 6 août. Samedi, la Nouvelle-Galles du Sud a battu un nouveau record pour le troisième jour consécutif avec 319 cas et cinq décès. 

Avec de tels bilans journaliers, le traçage des cas positifs, qui était pourtant l’outil essentiel dans cette gestion de la crise sanitaire, devient difficile à mettre en œuvre, de l’aveu même des responsables politiques. "Nous ne savons pas d’où ces deux foyers sont partis", a confié vendredi le Premier ministre de l’Etat de Victoria Daniel Andrews, tandis que les autorités tentent de remonter les chaines de deux clusters distincts après la découverte de 29 cas positifs. Aujourd’hui, ce sont près de 60% des Australiens qui se retrouvent forcés de rester à domicile et beaucoup ne veulent plus de ces mesures sanitaires. 

... Et moins de 20% de vaccinés

Dans le pays, le confinement reste encore la solution la plus efficace face à une reprise de l’épidémie au vu de la lenteur de la vaccination. Pourtant, cette stratégie du "zéro Covid" doit passer par une campagne vaccinale, argumentaient en début d’année les signataires d’une tribune, publiée dans Le Monde. Dans le détail, ils soulignaient que celle-ci devait remplir trois conditions pour fonctionner : "la vaccination, l’instauration de zones vertes, et un renforcement des modalités de dépistage et de traçage, y compris par le recours aux nouvelles technologies". 

Mais la campagne a d’abord été marquée par des problèmes d’approvisionnements, puisque le gouvernement avait misé essentiellement sur le vaccin AstraZeneca, qui a été déconseillé depuis aux personnes de moins de 60 ans, et le vaccin Pfizer était encore fin juillet disponible en quantité très limitée. Ensuite, la vaccination n’a pas été une priorité dans la stratégie menée contre le Covid : aujourd’hui, seulement 17,7% de la population a reçu au moins une dose de vaccin, dont 17,1% a un schéma vaccinal complet. 

Et le virus n’ayant jamais beaucoup circulé sur l'île, qui décompte officiellement 35.390 cas, il est hautement probable que la part d’Australiens immunisés naturellement soit faible. Assumant sa responsabilité dans le fiasco vaccinal, le Premier ministre Scott Morrison a récemment confirmé son objectif visant à vacciner toute la population, soit 25 millions d’habitants, avec au moins une dose d’ici à la fin 2021.


Caroline QUEVRAIN

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