"C'est surréaliste" : asphyxiée par le Covid-19, l'Inde s'enfonce dans le chaos

TG
Publié le 29 avril 2021 à 13h08

Source : JT 20h Semaine

HORS DE CONTRÔLE - L'Inde se retrouve plongée dans le chaos, avec 380.000 contaminations au Covid-19 ces dernières 24 heures. La situation est particulièrement grave à New Delhi, où les autorités peinent à juguler l'afflux des cadavres.

"Nous commençons au lever du soleil et les crémations se poursuivent au-delà de minuit." Comme en témoigne à l'AFP un prêtre de Delhi, la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19 s'apparente à un tsunami en Inde. Dans ce vaste pays d'1,3 milliard d'habitants, le système de santé est désormais à terre, submergé par le virus.

Le pays bat des records mondiaux de contaminations, avec près de 380.000 nouveaux cas sur les dernières 24 heures. Rien qu'en avril, l'Inde a dénombré plus de six millions de nouveaux cas, le tiers du total enregistré depuis le début de la pandémie. Des infections imputées en partie au nouveau variant dit indien. 

Les morts, eux, sont de plus en plus nombreux : 3000 pour la seule journée de mercredi. Et les autorités, elles, ont du mal à gérer l'afflux de corps.

"Le virus appuie sur l'accélarateur"

À New Delhi, les bûchers traditionnels comme les crématoriums modernes fonctionnent désormais jusque tard dans la nuit. "On croirait que le virus appuie sur l'accélérateur", raconte un employé du cimetière de Jadid Qabristan Ahle. "À ce rythme-là, d'ici trois ou quatre jours, il n'y aura plus de place." 

"Il y a deux jours, quelqu'un est venu me voir et m'a dit qu'il devait commencer à se préparer pour sa mère parce que les médecins l'avaient abandonnée", ajoute le fossoyeur. "C'est surréaliste. Je n'aurais jamais cru connaître ce jour où j'aurais à préparer les formalités d'inhumation d'une personne vivante."

Officiellement, près de 180.000 Indiens sont morts du Covid-19, dont 15.000 sur le seul mois d'avril. Mais certains pensent que le nombre réel pourrait être considérablement plus élevé. La cheminée d'un crématorium à Ahmedabad s'est fissurée avant de s'effondrer pour avoir tourné à une cadence de 20 heures par jour ces deux dernières semaines. 

"Jusqu'au mois dernier, nous incinérions une vingtaine de corps par jour (...) Mais depuis le début du mois d'avril, nous traitons plus de 80 corps par jour", témoigne Ramnath Ghela, responsable local du crématorium de la ville.

"Déluge de crémations"

Pour les proches des victimes, ce rythme effréné rend d'autant plus compliqué le deuil. "Cette maladie a forcé la déshumanisation de personnes comme moi. Vous ne pouvez même pas dire au revoir à quelqu'un avec qui vous avez construit une relation affectueuse pendant des décennies", se désole Manu Gupta au quotidien The Hindu

Des employés des crématoriums, eux, préfèrent rester sur leur lieu de travail plutôt que de prendre le risque de contaminer leur famille. "Nous dormons ici depuis le début de cette semaine en raison du déluge de crémations - à la fois Covid et non-Covid - qui se produit ici", déclare un membre du personnel. Et pour ceux qui se battent encore contre la maladie, le quotidien est souvent rythmé par la quête d'oxygène, dont les réserves sont presque à sec en Inde. 

Le Wall Street Journal a recueilli le témoignage d'Aparna Bansal, dont les deux parents sont soignés dans des hôpitaux de New Delhi. "Je commence à avoir des palpitations à chaque fois que je reçois un appel des deux hôpitaux. J'ai l'impression d'avoir laissé mes parents mourir."

"Ils nous demandent sans cesse d'apporter notre propre oxygène. Nous ne savons même pas si l'oxygène que nous apportons chaque jour est utilisé pour nos parents ou va ailleurs. Nous ne pouvons les déplacer nulle part et nous ne pouvons pas être là non plus."


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