Les Français soumis à une quarantaine au Royaume-Uni : décision sanitaire ou politique ?

Publié le 29 juillet 2021 à 18h45, mis à jour le 29 juillet 2021 à 18h54
Les Français soumis à une quarantaine au Royaume-Uni : décision sanitaire ou politique ?
Source : Niklas HALLE'N / AFP

RESTRICTIONS - Les voyageurs complètement vaccinés venant de l'UE et des États-Unis seront désormais exemptés de quarantaine en Angleterre et en Écosse. Un allégement de mesure qui ne s'applique toutefois pas aux arrivants de France.

Décision sanitaire ou politique ? Contre toute attente, le gouvernement britannique a décidé, mercredi 28 juillet, de maintenir la quarantaine obligatoire de dix jours imposée aux voyageurs en provenance de France, alors même que les voyageurs venant d'autres pays de l'Union européenne, ou des États-Unis, ne sont plus soumis à cet isolement obligatoire. Dès lundi 2 août, même vaccinées, les personnes qui (re)viendront de l’Hexagone devront donc se soumettre à un isolement total et présenter deux tests PCR, le deuxième jour, puis le huitième jour. 

Une mesure justifiée par les autorités britanniques par la crainte du variant sud-africain Beta, qui circule actuellement sur le territoire, principalement à Mayotte et à la Réunion. Mais qualifiée "d'excessive" côté français par la voix du secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune. D'autant que "ce variant représente moins de 5% des nouveaux cas positifs en France d’après les données de séquençage communiquées par Santé publique France et qu'il concerne surtout des territoires d'outre-mer, comme la Réunion, peu sujets à des flux de voyageurs vers le Royaume-Uni", a-t-il déploré.

Restrictions similaires... en août 2020

"C'est une décision discriminatoire à l'égard des Français puisque tous les Européens, même des pays qui ont des situations sanitaires plus difficiles que la nôtre au titre du variant Delta ou autre ne sont plus concernés par cette quarantaine", a ajouté le secrétaire d'État. Paris a également précisé aussitôt qu'il ne fermait "absolument aucune porte" sur d'éventuelles mesures de réciprocité. 

Des échanges qui ont un goût de déjà vu puisque des restrictions similaires avaient été prises par le gouvernement britannique dès le mois d'août 2020 : tous les voyageurs en provenance de France souhaitant entrer au Royaume-Uni étaient assignés à résidence pour une période de 14 jours. Et cela avait provoqué une prise de bec diplomatique avec la France. Piqué au vif, Paris avait vivement réagi à cette annonce. Il s'agit d'"une décision britannique que nous regrettons et qui entraînera une mesure de réciprocité, en espérant un retour à la normale le plus rapidement possible", avait tweeté le tout récent secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune.

"On pourrait considérer que la décision britannique est basée sur un calcul statistique", suggérait à l'époque, sur France 24, Marc Gastellu-Etchegorry, médecin épidémiologiste à Épicentre Médecin Sans Frontières. "L’Angleterre imposerait une quarantaine, car elle anticipe une flambée de cas en France. Mais en réalité, l’effet de cette quarantaine vis-à-vis d’un pays aussi touché est minime. Il semble évident qu’elle n’est pas motivée par des raisons sanitaires", concluait-il.

Stephen Clarke, journaliste britannique résidant en France et également y voit une explication beaucoup plus politique : "La France est très militante au sein de l’Union européenne. Ça énerve beaucoup les Anglais en ce moment parce qu’il y a des grandes discussions sur l’Irlande du Nord avec le Brexit et l’Europe résiste aux demandes des Anglais donc forcément, il y a une petite claque pour les Français", expliquait-il le 26 juillet sur FranceInfo


Virginie FAUROUX

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