Crash du vol MH17 : malgré la crise, les ventes d'armes à la Russie se poursuivent

par Nicolas VANEL
Publié le 23 juillet 2014 à 11h55, mis à jour le 28 septembre 2016 à 8h04
Crash du vol MH17 : malgré la crise, les ventes d'armes à la Russie se poursuivent

POLEMIQUE – Selon un rapport parlementaire britannique, la France n'est pas la seule à maintenir ses exportations d'armes en direction de la Russie. Des révélations qui contredisent les affirmations récentes de David Cameron sur le sujet. Et affaiblissent la portée des condamnations internationales contre Moscou.

"Nous ne pouvons pas continuer à faire des affaires comme si de rien n'était". L'indignation est signée David Cameron et vise directement la France. Alors qu'une partie de la communauté internationale accentue la pression sur la Russie - dont la responsabilité dans le crash du MH17 est pointée du doigt -, le maintien de la livraison en octobre d'un navire de guerre français à Moscou passe mal.

Lundi, le Premier ministre Britannique avait clairement critiqué la position de la France, estimant que "franchement, il serait impensable dans ce pays (le Royaume-Uni) de mener à bien une commande comme celle qu'ont les Français". Appelant l'Union européenne à proscrire les ventes d'armes à la Russie - accusée d'équiper et de former les séparatistes prorusses en Ukraine -, David Cameron avait par ailleurs affirmé que le Royaume-Uni avait déjà arrêté de telles exportations, comme promis en mars, soit en pleine crise ukrainienne.

Fusils de précision et équipements de communication perfectionnés

Seulement voilà, un rapport parlementaire britannique, publié mercredi, révèle que des armes et de l'équipement militaire continuent bien d'être exportés par le Royaume-Uni vers la Russie. Fusils de précision, munitions pour armes légères, gilets pare-balles, "équipement cryptographique" ou de communication militaire et de vision nocturne... 251 licences délivrées par le gouvernement britannique restent en vigueur pour une valeur globale de 132 millions de livres (167 millions d'euros), selon ce rapport.

De quoi donner du grain à moudre au ministre français des Affaires étrangères, qui appelait mardi, en réponse aux critiques de David Cameron, le Royaume-Uni à "balayer devant sa porte". De son côté, Paris n'entend pas renoncer à la livraison du bâtiment navale de type Mistral achevé cet été sur le chantier de la DCNS à Saint-Nazaire, comme l'a rappelé mardi Laurent Fabius. "C'est un contrat qui a été signé en 2011 et il y a une règle qui vaut en matière internationale comme en matière nationale : les contrats signés, et d'ailleurs payés, doivent être honorés", a-t-il déclaré. "Le contrat pour le premier bateau qui doit être livré en octobre sera honoré et pour le deuxième bateau qui n'est pas encore totalement construit, ça dépendra de l'attitude des Russes".

De nouvelles sanctions contre Moscou en préparation

Ce contrat s'élève à quelque 1,2 milliard d'euros. Outre la livraison des deux navires porte-hélicoptères, le Vladivostok et le Sébastopol, le marché passé avec Moscou inclut des transferts de technologies pour environ 220 millions d'euros.

Dans ce contexte de crise russo-ukrainienne, qui vient de prendre un tournant avec le crash du vol de la Malaysia Airlines vraisemblablement abattu par un missile en territoire ukrainien, contrôlé par les séparatistes pro-russes, les ventes d'armes, critiquées depuis plusieurs mois, se poursuivent donc. Et la controverse est loin d'être finie. Mardi, en effet, l'Union européenne a annoncé préparer de nouvelles sanctions contre la Russie, notamment dans le secteur de la Défense.


Nicolas VANEL

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